Vida

♪ Vida ♪ – Lluís Llach

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Tsunami (XIXème) – Hokusai

Potser em deixin les paralelo
o potser em deixeu vosaltres
o només els anys em posin
a mercè d’alguna onada,
a mercè d’alguna onada.
Mentre tot això m’arriba,
que a la força ha d’arribar-me,
potser tingui temps encara
de robar-li a la vida
i així omplir el meu bagatge.
Mentre tot això m’arriba… vida, vida !

Encara veig a vegades,
de vegades veig encara
els meus ulls d’infant que busquen,
més enllà del glaç del vidre,
un color a la tramuntana.
M’han dit les veus assenyades
que era inútil cansar-me ;
però a mi un somni mai no em cansa,
i malgrat la meva barba
sóc infant en la mirada.
A vegades veig encara… vida, vida !

Si em faig vell en les paraules,
si em faig vell en les paraules
per favor tanqueu la porta
i fugiu de l’enyorança
d’una veu que ja s’apaga.
Que a mi no m’ha de fer pena,
que a mi no em farà cap pena
i aniré de branca en branca
per sentir allò que canten
nous ocells al meu paisatge.
Que a mi no em farà cap pena… és vida, vida !

Si la mort ve a buscar-me,
si la mort ve a buscar-me
té permís per entrar a casa,
però que sàpiga des d’ara
que mai no podré estimar-la.
I si amb ella he d’anar-me’n,
i si amb ella he d’anar-me’n,
tot allò que de mi quedi,
siguin cucs o sigui cendra
o un acord del meu paisatge,
vull que cantin aquest signe… vida, vida !

Potser em deixin les paraules
o potser em deixeu vosaltres
o només els anys em posin
a mercè d’alguna onada,
a mercè d’alguna onada.
Mentre tot això m’arriba… vida, vida !
Mentre tot això m’arriba… vida, vida !
Mentre tot això m’arriba… vida, vida !

Lluís Llach


Vie

Peut-être les mots vont-ils m’abandonner,
ou peut-être est-ce vous qui m’abandonnerez
ou seulement les ans finiront par me laisser
à la merci d’une vague,
à la merci d’une vague.
En attendant que tout cela m’arrive,
car tout cela m’arrivera forcément,
peut-être ai-je encore le temps de voler un peu encore à la vie
et de remplir mon bagage
en attendant que tout cela m’arrive… vie, ô vie !

Je vois encore parfois,
parfois, je vois encore mes yeux
d’enfant qui cherchent,
au-delà de la vitre de la fenêtre
une couleur à la Tramontane.
Des voix sensées m’ont déjà dit
qu’il était inutile de me fatiguer,
mais moi, un rêve ne me fatigue jamais
et malgré ma barbe,
j’ai toujours le regard d’un enfant…
Par moment, je vois encore … vie, ô vie !

Si mes mots ont pris un coup de vieux,
si mes mots ont pris un coup de vieux,
je vous en prie, fermez la porte
et fuyez la nostalgie
d’une voix qui s’éteint.
Sachez que cela ne me fera pas de peine,
sachez que cela ne me fera pas de peine,
et j’irai de branche en branche
pour écouter ce que chantent
les nouveaux oiseaux de mon paysage.
Non, ça ne me fera pas de peine, car c’est la vie, vie !

Si la mort vient me chercher,
si la mort vient me chercher
elle peut entrer dans ma maison
mais qu’elle sache, dès maintenant,
que jamais je ne pourrai l’aimer.
Et si avec elle je dois partir,
et si avec elle je dois partir,
je veux qu’il ne reste de moi que des vers, des vers
ou de la cendre nue ou un accord de mon voyage,
je veux qu’ils chantent ce signe, vie, ô vie !

Peut-être les mots vont-ils m’abandonner,
ou peut-être est-ce vous qui m’abandonnerez
ou seulement les ans finiront par me laisser
à la merci d’une vague à la merci d’une vague…
vie, ô vie !
En attendant que tout cela m’arrive…
vie, ô vie …
En attendant que tout cela m’arrive…
vie, ô vie…
En attendant que tout cela m’arrive…
vie, ô vie…

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