Travail analytique et psychothérapie

Travail analytique et psychothérapie

« Il est des moments où il faut choisir entre vivre sa propre vie pleinement, entièrement, complètement, ou traîner l’existence dégradante, creuse et fausse que le monde, dans son hypocrisie, nous impose. »
Oscar Wilde

« La souveraine habileté consiste à bien connaître le prix des choses. »
François de La Rochefoucauld

Jean-Léon Gérôme – Solitude, 1890

Le travail psychanalytique et psychothérapeutique est classique. C’est le fameux « travail sur soi ». Il suppose investissement, disponibilité et ouverture d’esprit. Le silence de l’analyste comme règle irréfragable est à présent tout à fait inopportun et inadapté, même si ses plages sont nécessaires. On peut même insister sur le fait que si le praticien, professionnel par excellence de la relation, ne fait pas preuve d’une forme d’empathie, d’une certaine générosité personnelle, d’une disponibilité explicite, il faut ne pas s’attarder en sa compagnie. Ce travail – aimable et de partage, donc – parfaitement collaboratif, qui respecte naturellement des dispositions de justesse, de sensibilité, de bienveillance et de neutralité, est une condition importante de l’exercice d’une psychanalyse ou d’une psychothérapie bien menées, par ailleurs une des conditions premières des bonnes pratiques pour celui qui veut faire sien un éminent métier de l’accompagnement.

Le titre de psychanalyste

Le titre de psychothérapeute

Les différentes psychothérapies

Le travail psychanalytique, qui peut se faire en face à face – on parlera alors de psychothérapie analytique – mais qui se pratique le plus souvent, en tous cas dans un deuxième temps, pour le patient, allongé sur le divan, le psychanalyste se tenant assis derrière lui, commence par un ou plusieurs entretiens. Il peut aussi démarrer en tant que tel, sous la forme de la cure psychanalytique classique, mais peut également commencer par une psychothérapie le plus souvent en face à face, orientée rapidement vers une psychothérapie analytique, ou se proposer à l’occasion d’une supervision révélatrice de tendances à actualiser, voire d’un accompagnement professionnel supposant un réel approfondissement.
Ce travail peut consister également directement en une psychothérapie analytique, qui implique le plus souvent des séances en face à face, avec pour socle théorique et pratique de la part du psychothérapeute/psychanalyste la clinique et les concepts psychanalytiques et psychopathologiques et pour socle de reconnaissance professionnelle l’affiliation régulière à une école, une association, un institut.

Les questions de la formation des psychanalystes et psychothérapeutes à qui l’on peut s’adresser pour un travail sur soi, impliquent, outre une vaste culture générale ainsi que la connaissance des concepts, discours, mouvements à l’œuvre dans l’alliance thérapeutique (sont à exiger du praticien à la fois cursus universitaire idéalement dans un domaine métapsychologique de niveau master 2 ou doctorat, solide formation clinique et pratique confirmée en psychopathologie et/ou en institut ainsi que travail personnel psychothérapeutique et/ou psychanalytique consistant), une pratique éthique : nombre de séances (d’un point de vue orthodoxique, généralement une fois par semaine ou deux fois, en particulier pour un professionnel de l’accompagnement ou pour un suivi « serré », trois fois pour une psychanalyse « classique », en particulier pour un futur analyste), leur durée (pas moins de 45 minutes), leur coût (entre 40 et 70 euros*), éléments qui doivent pouvoir être discutés et toujours se placer dans une cohérence éthique**, et enfin le délai pour obtenir un premier rendez-vous : quelques semaines paraissant  acceptables.

La régularité des séances est essentielle dans la mesure où la relation qui se tisse se construit entre autres au travers de ses composantes transférentielles et contre-transférentielles et de leur analyse, de l’abolition progressive des résistances, de la chute de certaines défenses, de la prise en compte subtile de l’organisation et de l’évolution des symptômes, de la mise en oeuvre pour le patient d’expérimentations personnelles, des mouvements d’émotion, de sentiment et d’affect du patient. Cette régularité est nécessaire au déroulement du flux discursif et affectif du patient, invité à en dire le plus possible, flux qui peut donc saturer les résistances, neutraliser les blocages, déjouer peu à peu les réticences. Le processus psychothérapeutique ou psychanalytique se confronte ainsi à tous les états, toutes les humeurs, toutes les réminiscences, épreuves, rêves, fantasmes etc., du patient, et ainsi peut se déployer sur un temps qui peut aller de plusieurs mois, dans le cas d’une problématique manifeste simple, dans une dominante psychothérapeutique, à plusieurs années, voire de nombreuses années, pour un ensemble intriqué de questions complexes, dans une dominante psychanalytique, pour la reconstitution et la « réparation » de dysfonctionnements qui ont de même mis plusieurs années, quelquefois des périodes entières de la vie du sujet, et les moments les plus déterminantes pour la constitution de la personnalité (enfance), à se constituer et à se consolider (adolescence).
Cependant, la participation à une « reprise » psychothérapeutique ou psychanalytique, à des « tranches », voire à des séances ponctuelles et isolées, est naturellement toujours bénéfique.

Il est donc nécessaire, particulièrement dans un travail analytique, en ce cas il faut compter sur une durée minimale de trois à cinq ans, de réaliser un investissement en temps et en argent, de faire montre d’une assiduité indispensable à la restitution serrée des phénomènes inconscients, et d’accepter que sa propre réalisation soit irrégulière et apparemment parfois lente, parfois rapide, même si des paliers plus ou moins ralentisseurs ou au contraire progressifs sont observés, et relative aux mois et aux années d’influence néfaste dans le passé, auxquels des pans entiers de la personnalité ont été aliénés, et dont les travers ont été répétés à l’envi, afin de prendre pleinement en compte ses propres inhibitions puis ses propres potentiels, en tous domaines.

Enfin, il est important qu’interviennent des considérations d’ordre déontologique, pour que ne puissent avoir lieu des pratiques inadmissibles, telles que celles, nombreuses, de faux psychothérapeutes (le titre de psychothérapeute est à présent protégé : les ARS peuvent être consultées, il existe un Registre National des Psychothérapeutes, qui doivent être enregistrés sur ADELI, comme les médecins) ou de psychanalystes insuffisamment formés et auto-nommés (soi-disant « psys », « coachs », « thérapeutes », « praticiens », « conseillers »…) de psychothérapeutes qui demanderaient des sommes incomparables avec les tarifs de spécialistes (que l’on ne va voir surtout que ponctuellement) d’autres disciplines, ou qui feraient payer les séances de vacances (pourquoi pas un salaire, tant qu’à faire, et les congés payés, etc., contraires à la liberté du patient) ou celles qui auraient été décommandées mais pour lesquelles l’analyste aurait été prévenu suffisamment tôt par le patient (2 jours est un délai minimal), par exemple, ou bien encore qui n’accepteraient que l’argent liquide, ce qui dans de nombreux cas s’explique, est utile, et demande explication – la question de la matérialité de l’argent a son importance et sa symbolique est puissante -, la plupart du temps en analyse et en psychothérapie analytique, quelquefois en psychothérapie.

NK – Institut Français de Psychanalyse©

*Quelquefois en-deçà de 40 €, rarement au-delà de 70 € pour les psys attestant d’un parcours académique et d’auteur d’exception dans une discipline métapsychologique et disposant d’une notoriété clinique d’excellence.

**Lire à ce sujet : Catégories de psychothérapeute

Egalement :
http://www.choisir-son-psy.com/psychotherapies/psychanalyse/psychotherapie-psychanalytique-presentee-par-un-psychanalyste.php


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