Le traitement des corps. Actualité, psychopathologie, civilisation

Nicolas Koreicho – Avril 2024

« J’aime, je n’aime pas : cela n’a aucune importance pour personne ; cela apparemment n’a pas de sens. Et pourtant, tout cela veut dire : mon corps n’est pas le même que le vôtre. »
Roland Barthes, Roland Barthes par lui-même, 1975

« Il faut toujours dire ce que l’on voit ; surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit »
Charles Péguy, Notre Jeunesse, 1910

« La question décisive pour le destin de l’espèce humaine me semble être de savoir si et dans quelle mesure son développement culturel réussira à se rendre maître de la perturbation apportée à la vie en commun par l’humaine pulsion d’agression et d’auto-anéantissement. »
Sigmund Freud, Le Malaise dans la culture, 1929

« Nous ne sommes pas encore nés, nous ne sommes pas encore au monde, il n’y a pas encore de monde, les choses ne sont pas encore faites, la raison d’être n’est pas trouvée, la seule question est d’avoir un corps. »
Antonin Artaud, 1948

Sommaire

Johann Heinrich Füssli, Le Cauchemar, 1781, Detroit Institute of Arts, États-Unis

Introduction

I Dans l’actualité
Langage de l’événement
. Démonstration par l’actualité. Les corps féminins.

II En psychopathologie et en psychanalyse
Discours psychopathologique
. Les psychopathologies et le corps. Les troubles paraphiliques. Impression du corps. Image du corps.

III Dans la civilisation et les cultures
Mythe des humanités
. Éléments d’épistémologie du traitement des corps dans les religions, les aires civilisationnelles, les conflits personnels. Éclairage psychanalytique.

Introduction

Notre propos ne prendra pas en compte la dimension politique, sociale ou idéologique du devenir des corps humains, afin, à la lumière d’un événement récent qui a provoqué une indéniable répercussion sur différentes sphères d’observation du monde, de tenter de comprendre à la lumière des motions de la théorie de l’inconscient ce qui a été considéré comme une conséquence majeure de l’attentat du 7 octobre, savoir la manière dont les corps ont été montrés et traités.
Si l’on excepte la dimension politique de cet événement, l’actualité du massacre islamiste[1] du 7 octobre 2023 entraîne une certaine difficulté pour en comprendre le sens, si ce n’était la double acception qualitative et quantitative pulsionnelle du traitement des corps, le corps étant considéré ici comme trope organisateur de son propre devenir, par le langage de l’image, par le discours psychopathologique et par une mythique de l’événement.

Notre ligne directrice sera de replacer le traitement des corps dans des logiques formelles descriptives pour ne pas laisser l’intuition, même si elle y a sa part, et l’émotion, dont il est difficile de s’abstraire – humain, trop humain – prendre le dessus sur l’intellection, la compréhension et l’analyse du discours[2] pour aller plus en profondeur dans la compréhension de l’événement.

Notre problématique consistera à tenter de faire la part des choses, du point de vue de l’inconscient (pulsion de vie – pulsion de mort ; sexe et mort ; corps totem et corps tabou), dans les relations qui s’instaurent entre les sujets. Il s’agira de montrer que la réalité des conflits appartient d’abord au sujet, tout en s’inscrivant, nonobstant, dans une société, et que les contextes, historique, géographique, sociologique, politique, doivent, certes, être pris en compte a minima, mais les points de vue pour comprendre ce qui a pu se passer ce jour-là en resteront à la « rencontre », sous l’angle de la pulsion, de personnes, de sujets, de corps.

Notre développement concernera donc, dans un premier temps, l’actualité récente, pour tenter de cerner les motions en cause dans ce qu’il advint des corps des victimes, puis des assaillants, pour ensuite essayer de décrire ce qui se joue par les mouvements en jeu dans ce que la responsabilité personnelle et, éventuellement, les troubles de la personnalité, temporaires ou définitifs, font des corps, corps du sujet, corps de l’objet, pour enfin tâcher d’examiner ce qui est involu aux corps dans les aires civilisationnelles de notre quelquefois étrange, souvent mystérieuse et maintes fois inquiétante planète.

I. Dans l’actualité

À cet égard, il parait important de souligner que, par-delà la guerre, le conflit, les massacres récents (massacre : meurtre d’un grand nombre d’êtres sans défense), il nous faut tenter, au travers des éléments connus – puisque la plupart des témoins ont été tués ou sont encore otages – de l’attaque qui a inauguré l’ébranlement mondial du 7 octobre 2023, de comprendre la configuration qui a fait que les agresseurs s’en sont pris aux corps, et, singulièrement, aux corps des filles, des femmes, évanouies ou agonisantes, jetées nues dans les voitures et les pickups, violées et mutilées (sur certains corps retrouvés, les os du bassin auraient été fracassés, indiquant des viols multiples ou une violence inouïe, les organes sexuels arrachés, les seins découpés), quelquefois, semble-t-il, violées mourantes, dans les maisons, les basses fosses et les hangars des assaillants[3]. Victimes et otages, dans la mesure où les corps étaient trop abîmés, les témoignages étant potentiellement accablants, ont été massivement brûlés, les suppliciées retrouvées nues, souvent les mains liées, dans des positions obscènes[4].

Souffrance et torture choquent l’imagination. Cependant, malgré la désagrégation morale et/ou mentale des responsables, et, nonobstant les convictions qui pourraient sous-tendre refoulements et corollaires passages à l’acte, il faudra s’efforcer de comprendre ce qui, dans l’hypothèse d’une pulsion sexuelle modifiée, crée, selon les cas, dépassement et sublimation ou, en l’occurrence ici a contrario, transgression et perversion.
À cet égard, il nous faut rappeler que le propre de la perversion comporte le basculement, possiblement temporaire (perversité), dans le « hors limites », le propre de la psychose inclue la destruction du réel psychique[5], le propre de la psychopathie intègre l’avilissement du réel physique et corporel. Dans les trois pôles (pervers, psychotique, psychopathique) considérés, le prix à payer pour la victime, et quelquefois, selon ce qui sera éventuellement considéré du point de vue du Droit, pour le responsable, est démesuré.

Les supplices infligés, les mutilations perpétrées, peuvent en effet, en des métaphores pour l’instant artificielles, renvoyer au démembrement psychotique, à la perversion sadique, à la négation psychopathique de l’altérité ainsi que, traditionnellement, à la soumission forcée consécutive à la pulsion d’emprise. Ces observations inclinent à penser ce type de configuration en fonction de ce que la psychanalyse peut nous apprendre sur les états limite.
À travers l’événement observé, prétexte à une compréhension plus précise des violences de la nature de celles qu’on a dû découvrir ce jour-là, dans le traitement des corps, un environnement idéique paroxystique a pu favoriser la décompensation des sujets aux limites du pôle psychotique, illustré par le morcellement des corps, du côté du pôle pervers (sadisme et exhibition), du côté du pôle psychopathique, contraire à toute idée d’altérité.
La confusion, mise en abyme dans les contextes historique, géographique, sociologique, politique évoqués, chez les sujets assaillants, des pulsions de vie et des pulsions de mort, à l’encontre du principe de liaison, a pu être favorisée par l’existence de ces cercles environnementaux concentriques précités mortifères entourant le sujet, impliquant le principe de déliaison. Cependant, le sujet et sa responsabilité, consciente et, dans une certaine mesure, inconsciente, sont à l’origine de ses actes, souvent irrémédiablement[6].

La perversion sadique exhibée, les décompensations psychotique et psychopathique manifestes, confortées par le partage viril des exactions, détruisent non seulement l’apparence et l’intégrité des corps suppliciés[7], mais annihile en le sujet actant, et en leurs commanditaires – le Droit commun a quelque chose sans doute à en dire en termes de « crime contre l’humanité » –, toute idée même d’une quelconque idéalité, a fortiori d’une quelconque spiritualité.
Peut-être plus sévères encore et, à terme, plus définitifs, les actes, qui parlent mieux que tous les mots, toutes les justifications, toutes les causes, ont tué en les tortionnaires toute idée du bien, dans leur exhibition d’une folie jouissante, et toute idée du bon, en détruisant des organes majeurs du plaisir et de la maternité chez les femmes, c’est-à-dire les lieux par excellence de la pulsion de vie.
L’agression physique, de la simple tape, en passant par l’intentionnalité de nuire et jusqu’au point où le corps peut être abimé, voire détruit, représente déjà, par définition, une forme d’effraction manifeste et dont la personne – et son corps – conservera la mémoire la vie durant[8].

Pour illustrer ce qui peut prendre l’ascendant sur toute raison, au cœur d’une forme de massacre, dans l’itération sadique d’une destructivité pathologique, ici individuelle, d’un corps, Inass, petite fille de 4 ans retrouvée morte dans un fossé le 11 août 1987, le corps découvert le long de l’autoroute A10[9] dans le Loir-et-Cher a subi un paroxysme d’agression barbare, qui peut représenter une sorte de métonymie ici individuelle de ce qui a pu se passer mutatis mutandis le 7 octobre, là dans un contexte de destruction collective.
L’agression, le vol, le viol, l’abus de pouvoir[10], provoquent ordinairement un retentissement qui concerne, si la vie de la personne est sauvegardée, d’un côté la peur générée par les atteintes à l’intimité profonde[11] du corps, à son intégrité, et de l’autre l’angoisse qui prend racine sur cette effraction (une perte fondamentale du schéma corporel ordinaire). La répercussion de tels actes sur la vie des personnes concerne, compte tenu de la complexité des retentissements de l’atteinte à l’intégrité et en raison du dépassement des normes relationnelles qui caractérise les passages à l’acte, la question des limites, les accomplissements pervers intégrant supplémentairement une double dimension psychotique et psychopathique.

Dans les événements qui proposent les interrogations présentes, La problématique à saisir concerne tout d’abord la signification de ce que des humains ont été capables de faire des corps, et, singulièrement, du corps des femmes, donc, et, en second lieu, selon les déplacements psychopathologiques mentionnés, dont on peut observer l’abolition des systèmes pare-excitation, concerne ensuite la satisfaction qui a découlé de la destruction des corps, vivants ou morts.
Depuis le massacre de la Saint-Barthélemy, qui n’a pourtant pas impliqué du point de vue sexuel un traitement des corps identique à celui du massacre du 7 octobre, l’histoire occidentale ne fait pas état d’un assassinat de masse comprenant un traitement des corps équivalent, particulièrement sur le corps des fillettes, jeunes filles, femmes, femmes enceintes, femmes âgées. Cependant, de telles exactions ont été documentées, ailleurs qu’en Occident, sur des victimes moins nombreuses.
En effet, les meurtres sexuels (conjonction de viols et d’actes de barbarie sur les mêmes personnes) sont rares dans l’histoire, même s’ils existent, rares en tous cas sont les crimes sexuels de masse – inexistants dans le monde libre. Ils ont lieu, pour les horreurs les plus impossibles à décrire et à mettre en mots, au Congo, en Chine (Nankin), au Liberia, au Salvador, en ex-Yougoslavie, en Libye, en Syrie, au Rwanda, et ils réalisent la pulsion de destruction non dans l’immédiateté du crime sexuel, mais pour nier la dignité d’un passé, d’une descendance, et pour saper tout droit à aller vers la vie, d’un avenir, compte tenu de la volonté illimitée d’annihiler l’existence de l’autre – le plus souvent la femme, source de fécondation, désormais impure et symbole de honte – comme humain et, en fin de compte, d’en faire un corps-chose. Notons que le Droit international acte qu’une vingtaine de pays n’a pas encore ratifié la définition même de « viol de guerre[12] ».
Les survivantes devront sans doute, ultérieurement, et pour sauvegarder un équilibre – social, familial, personnel – mis à mal, réaliser sur le plan psychique des protections dissociatives, et, peut-être se taire et ne pas témoigner, afin de ne pas consolider en elles-mêmes le syndrome de la femme attouchée, violentée, violée, autant vis-à-vis de leurs proches, que par rapport à leur image interne. Elles pourront justement utiliser, pour cela, les réseaux sociaux et amicaux pour recréer du lien.

II. En psychopathologie

Dans un souci de compréhension des agressions et crimes sexuels, précisons qu’un meurtre sexuel (meurtre sexuel sadique, ou meurtre sadique) caractérise un homicide dans lequel est recherchée une satisfaction sexuelle par le meurtre d’un individu. Le meurtre sexuel dénote une perversion, synonyme du terme « paraphilique » préféré par les manuels d’obédience américaine. Communément, ce type de crime se réalise par un meurtre se confondant avec un rapport sexuel ou une mutilation sexuelle (organes génitaux ou zones érogènes du corps de la victime). La mutilation de la victime peut impliquer éventration ou arrachement de l’appareil génital ou reproducteur, introduction d’objets coupants ou de projectiles, ce qui d’ailleurs se serait passé le 7 octobre.
Cela inclut souvent des activités comme déchirer les vêtements de la victime, placer le corps dans différentes positions, souvent sexualisées, insertion d’objets dans des orifices du corps, actes d’anthropophagie ou encore de nécrophilie.

Une sollicitation par trop aisément accessible du marché de la pornographie, qui laisse la possibilité à certains esprits faibles et/ou soumis de s’enfermer dans une sexualité fantasmatique laquelle, conjuguée à la frustration d’une discrimination homosexualisée rendue obligatoire par une séparation soi-disant ontologique hommes-femmes (tenues, places sociales, habitus discriminants), va dans certaines circonstances (mots d’ordre politiques datés, usage de drogues, milieux dogmatiques aliénants, environnements sociaux frustes) entraîner aux passages à l’acte (pulsion de destruction) en raison supplémentairement d’un terrain de pensées sommaires, stéréotypées, répétitives, d’une notable faiblesse intellectuelle et culturelle, imperméables à la sublimation (pulsion de vie).

Afin d’avoir à notre disposition des références théorico-cliniques schématiques mais communément admises pour situer ce qui peut se passer dans les cas de mise en actes fantasmatiques dans la réalité, passons rapidement en revue les rubriques qui concernent les perversions, dans la mesure où elles autorisent des réalisations psychotiques et/ou psychopatiques.
De nos jours donc, le DSM a remplacé le terme de « perversion » par celui de « paraphilie ».

Le DSM-IV-TR (1994) retenait la classification des troubles sexuels pour les paraphilies, mais ajoutait également la catégorie « troubles de l’identité sexuelle et des genres ». Le DSM-IV retient les mêmes types  de paraphilies listés dans le DSM-III-R (1980), incluant les exemples non spécifiés et introduisant certains changements aux définitions de types spécifiques.
Les paraphilies étaient définies par le DSM-IV-TR comme troubles sexuels caractérisés par des « comportements intenses et récurrents sexuellement fantaisistes, de grandes « envies » sexuelles impliquant généralement (1) objets inanimés, (2) souffrance et humiliation de soi ou d’un partenaire (3) enfants ou autre personne non consentante durant une période de plus de 6 mois (Critère A), qui peut « cliniquement causer une détresse sociale, d’occupation, ou autre zone importante du fonctionnement » (Critère B).
Le DSM-IV-TR décrivait huit troubles spécifiques de ce type (exhibitionnisme, fétichisme, frotteurisme, pédophilie, masochisme sexuel, sadisme sexuel, voyeurisme et travestissement fétichiste) et une neuvième catégorie (paraphilie non spécifiée). Le Critère B diffère de l’exhibitionnisme, du frotteurisme et de la pédophilie pour inclure l’acte provenant de ses besoins, et du sadisme, acte provenant de ses besoins sur une personne non consentante.
Certaines paraphilies pouvant interférer lors de relations sexuelles avec des partenaires « consentants », pour le DSM, « les paraphilies ne sont presque jamais diagnostiquées chez les femmes », cependant qu’un certain nombre d’études sur les femmes ayant une ou plusieurs paraphilies ont été publiées récemment, suite à des événements d’actualité.

Le DSM-5 (2013) introduit une distinction (après le remplacement du terme « pervers », jugé péjoratif par la culture américaine toujours déjà wokiste et les firmes pharmaceutiques, par le terme « paraphilique »), entre la « paraphilie » (symptôme consolidé et relativement permanent) et le « trouble paraphilique » (fantasmes et besoins sexuels atypiques ponctuels et/ou, sous certaines conditions, répétitifs). La première acception du terme « pervers[13] », qualifie le plus souvent des dysfonctionnements sexuels à retentissements comportementaux, relationnels et sur la santé (sociaux, professionnels, familiaux, corporels).

Le DSM-5 décrit toujours huit catégories de troubles « paraphiliques » : l’exhibitionnisme, le fétichisme, le frotteurisme, la pédophilie, le masochisme et le sadisme, le voyeurisme, le transvestisme, les troubles paraphiliques non spécifiés[14].
Les comorbidités en sont les troubles de la personnalité (environ la moitié des cas) de type psychopathique, antisocial, schizoïde, schizotypique, « narcissique », à fondement d’abus d’alcool ou de substances toxiques (50 à 83 % des cas), trouble déficit attentionnel avec ou sans hyperactivité (30 % des cas), troubles dépressifs actuels ou passés (61 à 81 % des cas), troubles anxieux (31 à 64 % des cas), déficience intellectuelle ou lésions cérébrales acquises (10 à 15 % des cas), comorbidités psychiatriques sévères (4 %)[15].

Il serait presque amusant de constater que dans l’idéologie wokiste, degré zéro de la pensée réactionnaire, établie en réaction par mots d’ordre primaires à ce que les wokistes comprennent des activités humaines complexes, le manichéisme grossier d’un champ lexical fruste dénature dans les qualificatifs le colonialisme (« esclavagisme »), le racisme (« occidental »), la science (« paternaliste »), la musique, la peinture, la sculpture classiques (« masculines »), l’art et la culture en général (« patriarcaux »), l’oppresseur (« blanc »), sous le sème de la « domination » (forcément gréco-judéo-chrétienne). La nuance et la compréhension ne sont pas de leur monde et, en cette idéologie inepte qui fait de la dialectique binaire « dominant-dominé » son dogme principal, certains lobbies défendent le droit, entre autres, aux pratiques perverses, criminelles, dégradantes (happenings) où les mises en scène dominant-dominé (soumission, sexisme, destructivité virile, saccage d’œuvres) se donnent libre cours, en autant de formes théâtralisées, au fond, du rejet de l’autre, pour eux, incompréhensible.
Ceci, pour ce qui est de notre exemple princeps dans l’actualité, laisse évidemment toute la place à la pulsion de destruction, exempte de pare-excitation et composée de frustration, de sexualité virtuelle et de violence, qui, dès lors, envahit la scène sociale, les bandes[16], les « quartiers », les mouvements politiques.
Au passage, dans cette même idéologie wokiste, comme autrefois en « antipsychiatrie » et aujourd’hui encore en phénoménologie psychiatrique, notons que les psychiatres sont considérés comme des « dominants », les malades comme des « dominés » !

Après le modèle, en référence à la criminalistique sexuelle, d’une conjonction de la perversion (« je t’aime, je te tue »), d’une forme psychotique de la relation à l’autre (« tu ne m’aimes pas, je te tue ») et de la solution[17] psychopathique, dont les sèmes principaux sont la domination de l’autre, la destruction de l’autre, l’avilissement de l’autre, qui semble en représenter le troisième terme conclusif, nous aurions l’aboutissement radical, apparaissant comme une synthèse des logiques perverse, psychotique et psychopathique, du meurtre archétypique du « Retour à la horde primitive[18] », brute et archaïque, particulièrement avec le viol, « violence des violences » selon le mot de Paul-Laurent Assoun[19], le terme « viol » se trouvant à la racine même du mot « violence ».

Il est par ailleurs loisible d’observer que le traitement du corps du sujet tient une place et prend une importance toute particulières dans les syntagmes psychopathologiques, ceci d’après le ressenti subjectif que le sujet lui-même peut en avoir, à la fois par l’attitude, le discours, la polysémie des langages de la personne, place et importance variant selon les pathologies. Ainsi, nous trouverons, dans les troubles psychiques, le traitement inconscient du corps par le sujet comme représentant un enjeu symptomatique majeur du Moi dans :

  • La dépression – le corps pesant, qui tire en arrière
  • L’anxiété – le corps sous tension, comme menacé
  • L’hystérie – le corps comme objet d’attention et d’observation
  • L’obsession – le corps comme objet d’un soin jaloux
  • L’addiction – le corps inassouvi, en perdition
  • La perversion – le corps soumis soumettant
  • La paranoïa – le corps sous observation agressive
  • La schizophrénie – le corps impossible, morcelé, revendiquant
  • La psychopathie – le corps de l’autre nié, à abîmer.

Notons également, afin d’insister sur le traitement du corps propre et du corps – fantasmé – de l’autre dans les psychopathologies, que celui-ci varie en fonction des troubles de l’image de soi de manière manifeste dans :

  • La somatoparaphrénie (complication du S. de Cottard et du S. de Korsakov, avec sous-attribution ou sur-attribution d’organes)
  • La schizophrénie
  • La phobie sociale
  • L’onychophagie (un plaisir et une punition)
  • Les tocs (et les tics)
  • L’éreutophobie (peur de rougir en public)
  • L’émétophobie (peur de vomir, la peur de manger en public se rencontrant également)
  • L’anorexie
  • La boulimie
  • La toxicomanie.

À l’orée des limites des psychopathologies et les cultures, nous avions décrit, en partant des principes de liaison et de déliaison[20], des pulsions de vie et des pulsions de mort[21], l’étrange et fascinant phénomène, entre psychopathologie et Histoire, du mouvement sectaire des Convulsionnaires[22].

Entre les psychopathologies perverses (masochique, sadique) et le phénomène sectaire, la place du sujet occupa dans cette unique configuration historique une situation très particulière, dans la mesure où le rôle laissé à la dimension mortifère de la sexualité fut poussé à un paroxysme d’ambivalent balancement entre un environnement passif et actif et des sujets soumis et soumettant.

III. Dans la civilisation et les cultures

Le traitement des corps est lié tout d’abord intimement à la biologie et aux pulsions. « Le concept de pulsion nous apparaît comme un concept limite entre le psychique et le somatique, comme le représentant psychique des excitations, issues de l’intérieur du corps et parvenant au psychisme, comme une mesure de l’exigence de travail qui est imposée au psychique par suite de sa liaison au corporel[23]. »
Les pulsions sont de plusieurs ordres, pulsions sexuelles et du Moi ou d’autoconservation, pulsions de vie, donc, et pulsions de destruction, pulsions de mort. Leur destin est conditionné, selon les démonstrations développées par Freud, par trois principes fondamentaux :
le principe de constance, en fonction duquel la quantité de sollicitations somatiques et psychiques oblige le sujet au maintien de l’appareil psychique à un minimum d’« excitations » régulées par les « décharges » pour éviter un trop plein de déplaisir, le principe de plaisir, qui vise à la décharge immédiate, grâce à la satisfaction, réelle ou fantasmatique, le principe de réalité, qui contribue à ajourner la satisfaction et à poser les limites nécessaires à l’équilibre, avec soi-même et avec l’Autre, lesquels déterminent les principes de liaison et de déliaison[24].
Jean Laplanche et André Green, chacun à leur façon, ont mis en évidence la pulsion sexuelle de mort, radicalement hostile au Moi (Laplanche) qui postule l’existence d’un dualisme au cœur de la pulsion sexuelle rigoureusement inconciliable avec le développement du Moi[25]. Ainsi, destruction et déliaison sont les deux dimensions par lesquelles se pourrait considérer l’impasse mortelle de la nature, en partie mortifère donc, de la pulsion sexuelle non du tout appréhendée en fonction d’une idée de responsabilité du Moi vis-à-vis de lui-même, mais au contraire dans une forme de débordement funeste – et éphémère – d’un sujet réduit à une implosion pulsionnelle.
André Green, de son côté, développera la possibilité d’une sorte de cas limite théorique dans sa conception de narcissisme de vie – narcissisme de mort[26].
À ce propos, l’auteur suggère de rendre compte « […] des ensembles dans lesquels s’insèrent hystérie et cas limites, les différences qui les séparent ainsi que le cadre conceptuel qui peut les réunir[27] […] », ce qui peut correspondre en plus schématique à notre idée de la conjonction du corps (hystérique par définition) avec les confins d’une expression complexe limite des perversion, psychose et psychopathie. À cet égard, notons pour l’instant que, dans ce conflit instable des trois modalités pathologiques, la perversion s’applique au débordement du corps, de manière intrasubjective sur soi-même et de façon intersubjective sur le corps de l’autre, que la psychose s’applique à l’envahissement du corps par le délire et, quelquefois, par le passage à l’acte, que la psychopathie s’applique à la destruction, meurtrière, du corps de l’autre.
André Green utilise d’ailleurs, pour dénoter les courants psychiques en jeu dans ces motions, le terme « chiasme » afin de « […] traiter la zone d’intersection entre hystérie et cas limites […] » ce qui est étayé par le fait que dans l’hystérie les conflits qui concernent le corps sont liés à l’Éros et dominent, cependant que dans les états limites, c’est la destructivité qui l’emporte.
Cependant, à l’inverse de ce dernier possible, nous pouvons affirmer que, contrairement à cette « intersection » mortifère, mais bien plutôt dans la possibilité du choix, trivial en quelque façon, la liaison est la condition même de la sublimation et, par conséquent, de la civilisation.
La déliaison, réalisation sous une forme ou sous une autre de la pulsion de destruction ou pulsion de mort, marque l’échec de la sublimation[28], qui elle, se développe dans les œuvres de transformation à composante artistique, sociale (affective, spirituelle), et intellectuelle, dans ses déclinaisons scientifique, littéraire, analytique.

La civilisation gréco-judéo-chrétienne montre les corps, dans la rue, dans les médias, dans les arts, à tel point que l’on peut parler de corps exposés, érotisés, tout de même sublimés[29] sous une forme ou sous une autre, antique, abstraite, réaliste, figurative, hyperréaliste, baroque, classique, impressionniste, surréaliste, moderne, naïve, cubiste, expressionniste, symboliste, fauviste, pointilliste, romantique, rococo, maniériste, gothique… À l’inverse, parfois, dans des cultures non occidentales, particulièrement par le biais des corps drapés, voilés, cachés, un sentiment de honte[30] entraîne le refoulement de ce que ce corps implique de plaisir, de vie et d’expansion, et, de la sorte, dans des religiosités qui peuvent maintenir une confusion et une régression entre croyance, politique et refoulement sexuel, la représentation des corps n’existe tout simplement pas.
L’équation, punitive, qui conduit honte (un sentiment de culpabilité), refoulement et frustration vers la violence, le viol (à la racine disions-nous même du mot « violence ») et le déchainement sadique sont d’autant plus forts que les corps féminins occidentaux ou occidentalisés, qui s’exposent sur les réseaux sociaux dans un érotisme puissant, quasi explicite, et, parfois, par le biais de systèmes de transition – de la suggestion jusqu’à l’hypersexualisation quasi charcutière, vers une pornographie peu ragoutante – relativisés sur les réseaux sociaux, cette thématique pouvant devenir mouvement transgressif jusqu’à l’annihilation du sujet et entrainer de plus en plus fortement vers la destructivité, ces corps, donc, visibles par le plus reculé des habitants de notre planète, n’appartiendront concrètement jamais aux individus des hordes terroristes[31] ni, a fortiori, aux populations maintenues dans un obscurantisme d’inculture et de soumission, qui ne peuvent agir à l’endroit de ces corps que par écran interposé, ceci autorisant le développement vis-à-vis des sociétés libérales un souci de revanche, récupérant la frustration de leur sexualité inassouvie, fantasmée dans un au-delà putatif, mais la réalisant parfois dans la violence et le crime. Nous en avons un exemple manifeste dans la répugnante « police des mœurs » iranienne qui moleste, agresse sexuellement, tue parfois les jeunes femmes qui porteraient le voile imparfaitement, laissant apparaître une mèche de cheveux, séduction charmante insupportable à la vue des ignobles marâtres chargées de faire respecter honte et soumission féminine.
Compte tenu de la dimension inconsciente qui conduit à repousser les résultats immédiatement criminogènes de l’insatisfaction, avec pour conséquence de retarder et de répartir la menace délinquante, la frustration est détournée vers la solution catastrophique, moins immédiate nonobstant, d’une démographie exponentielle irresponsable, qui ne peut malgré tout parvenir à enrayer par ce truchement le développement de la criminalité, sexuelle en particulier.
La liaison, elle, se constitue dans la création, l’intellection, la sublimation, donc, tout en sachant qu’elle peut, en perdant le sens de limites éthiques nécessaires, basculer dans la pornographie commerciale, la marchandisation des corps (GPA), et les déplacements économiquement organisés des populations, lesquels orientent vers une dévalorisation, plus ou moins acceptée (puisque remplacée par une pseudo valorisation progressiste), des corps.
La déliaison, quant à elle, s’impose ainsi dans l’ignorance, la frustration et, par conséquent, dans des formes policées de transgression (cf. les ennemis de la civilisation gréco-judéo-chrétienne, de la culture des Lumières et les inégalités ou les erreurs, assumées ou non, sur le genre dans l’idéologie islamiste en contiguïté avec l’escroquerie wokiste[32] ainsi que dans le commerce mondialisé de la pornographie, de la gestation pour autrui et du déplacement massif de la démographie).
Dans certaines doctrines de certaines religions et religiosités[33], le corps féminin est voilé, discriminé par les hommes et discriminant à l’égard des autres femmes, le corps masculin est tyrannique (pas de liberté vis-à-vis des autres croyances dont les tenants sont apostats, pas d’égalité vis-à-vis des femmes, inférieures dans certaines basses strates sociales, à plus forte raison vis-à-vis des femmes occidentales – inaccessibles comme on l’a vu – considérées au mieux comme des demi-mondaines, au pire comme des prostituées, pas de fraternité vis-à-vis des hommes non croyants, infidèles, ou croyants et implicitement rabaissés au statut d’obsédés sexuels (ce qu’ils peuvent d’ailleurs devenir, dans la pulsion qui se retourne contre soi, puis frustrés, puis violents[34]).
Soumission, pseudo pudeur ou prostitution et pornographie, GPA et commercialisation des corps, banalisation des paraphilies et spécialisation dogmatique dans la violence et, en certaines aires, norme de la domination patriarcale ou du commerce amoral, tel celui du transgenrisme[35] dont le marché mondial de la réassignation sexuelle atteindra en 2028 près de 600 millions de dollars[36], celui de la réassignation hormonale ayant atteint 1,6 milliard de dollars en 2022, et qui autorise, dans certains hôpitaux occidentaux dénués parfois d’éthique, prescriptions de bloqueurs de puberté, d’hormones contraires au sexe quelquefois nocives et à effets irréversibles, ablation des seins et des organes génitaux, perte de tout plaisir sexuel, cicatrices ineffaçables, infertilité, dépressivité, dont les nombreuses victimes – même si les pays qui étaient dans ce domaine « en pointe » font aujourd’hui marche arrière (Royaume Uni, Suède) – sont atteints, sous prétexte d’« identité de genre », à près de 75%, de troubles mentaux[37].
Au passage, un seul critère (moral) pour valider ou invalider les comportements sexuels : le « consentement » (« C’est un peu court jeune homme, on pouvait dire, oh Dieu, bien des choses en somme »), lequel fait courir le risque d’une faute de compréhension par l’innocence, qui, elle, peut consentir, dans l’ignorance des conséquences qu’un détournement sentimental ou un effet de mode peut engendrer.
En ces différents abus, dans l’insuffisance du sexuel ou dans son extension illimitée, où le danger réside dans la violence, la dégradation, l’annihilation de l’imaginaire érotique chez l’enfant et l’adolescent, et dans la nécessité d’augmenter les doses (dopamine, « dope », exacerbée par le biais de fantasmes de plus en plus transgressifs et violents, ce qui conduit sans coup férir au passage à l’acte sexo-criminel par l’intermédiaire du darknet ou des conflits armés) chez l’adulte, jusqu’à la pathologie physique, mais aussi dans l’extinction du désir entre un sexe et un autre, dans la commercialisation et la dénaturation du sentiment amoureux, dans l’absence d’effet cathartique (le militantisme wokiste entretenant l’illusion du « tout est possible » dès lors qu’il y a plaisir). En toutes ces acceptions d’une sexualité dénuée de sentiment amoureux, lidée d’un quelconque Surmoi a disparu.

Pour illustrer ce phénomène de prévalence de la destructivité et, dans certains cas, de l’intégration de la pulsion de destruction au sein même de la sexualité refoulée, et pour boucler sur notre introduction, concluons sur la manière dont les corps sont traités dans certaines contrées et au cœur même de l’Europe, avec quelquefois une lueur d’espoir têtue et, forcément, sublime.
En certaines aires à présent reculées du monde, le traitement du corps des femmes et des filles (meurtres, viols, pendaisons, lapidations) témoigne de l’emprise du refoulé dans le sadisme social, cependant que l’Espérance accompagne, venant une fois encore des femmes et d’hommes de plus en plus nombreux, et la pulsion de vie voilée, violée, refoulée resurgit du néant par les voix des femmes et des hommes qui chantent, qui dansent et qui rient, qui se battent partout dans le monde pour montrer que la vie est là, toute proche, derrière l’immonde scandale d’une fille tuée pour un voile mal porté, redonnant de la couleur à la vie.
Une déclinaison du refoulement pulsionnel et de ses effets dans une population fruste confrontée à la liberté occidentale des corps féminins a donné en Europe les événements inédits de viols de masse, le 31 décembre 2015 à Cologne (1 088 plaintes déposées, 470 concernant des agressions sexuelles, viols et agressions, attouchements sous contrainte, et 618 des vols, des coups et blessures), et dans toute l’Allemagne avec 1500 plaintes, dont 513 pour agression sexuelle, viol, exclusivement commis par des groupes d’hommes (entre 2 et 40), immigrés, illégaux et demandeurs d’asile du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne, sur des femmes et de très jeunes filles[38]), mais aussi notablement en Autriche, en Finlande, en Suède et en Suisse[39].
Aujourd’hui, en France, les agressions sexuelles déclarées en commissariat (crimes, viols, violences sexuels) commis par des hommes seuls, souvent mineurs ou déclarés tels par les associations, sur des femmes, quel que soit leur âge, et parfois sur des homosexuels[40], seraient au nombre de 120 par jour[41], et les attaques au couteau, piètre phallus, se multiplient.

Il y a lieu, avant de conclure, de reconnaître que le corps et l’image du corps sont à la fois les représentants et le moteur de la civilisation chrétienne, autorisant ainsi de multiples formes de sublimation. En effet, le corps est au centre des développements et des questionnements du christianisme – religion de l’incarnation –, le calendrier du monde, heureuse métaphore, prenant pour point de départ la naissance du Christ[42]. Il en est de même de l’image du corps, sous toutes ses formes, symboliques et, comme on l’a vu, artistiques, qui, au contraire du judaïsme et de l’islamisme, se trouve au cœur même de la civilisation chrétienne.

Pour finir cette présentation, en des questionnements quelque peu douloureux, du traitement des corps dans l’actualité, en psychopathologie et dans une optique civilisationnelle, l’importance décisive du rôle tenu par les systèmes Ics-Pcs-Cs, les instances Ça-Moi-Surmoi et les motions psychiques qui produisent liaison et déliaison dans les élaborations, plus ou moins abouties, de la réalisation pulsionnelle du sujet et de l’objet, demeure  éminemment complexe et contradictoire.
Dans le meilleur des cas, la considération du nécessaire équilibre entre principe de plaisir et principe de réalité autorise l’expression de la sublimation, artistique, sociale (affective, amoureuse, spirituelle), intellectuelle, jusque dans ses déclinaisons scientifique, littéraire, analytique[43], et implique que les contradictions pulsionnelles, originellement destructrices, puissent devenir, préférentiellement, créatives, afin de se résoudre, non dans l’univers cauchemardesque de passages à l’acte limites, mais au contraire dans la réalisation sublimée de ces contradictions qui peuvent alors être porteuses de vie.

Nicolas Koreicho – Avril 2024 – Institut Français de Psychanalyse©


[1] Au XXIe siècle, le terrorisme islamiste a dépassé par ses tueries de masse les divers assassinats collectifs touchant une population civile, avec les attentats de New-York (2001 : 2753 morts), Madrid (2004 : 191 morts), Londres (2005 : 56 morts), Bombay (2008 : 188 morts), Moscou (2020 : 39 morts), Nairobi (2013 : 68 morts), Paris (2015 : 130 morts), Bruxelles (2016 : 32 morts), Orlando (2016 : 49 morts), Nice (2016 : 86 morts), Quetta, Pakistan (2018 : 149 morts), Sri Lanka (2019 : 269 morts), Kaboul, Afghanistan (2020 : 22 morts), Bagdad, Irak (2021 : 32 morts), Israël (2023 : 1160 morts), Kerman, Iran (2024 : 94 morts), Moscou (2024 : 143 morts). Pourtant, ce qu’il est advenu des corps le 7 octobre 2023 en Israël et à Gaza est inédit. Cf. https://www.fondapol.org/etude/les-attentats-islamistes-dans-le-monde-1979-2021/. Notons que quelques des derniers attentats de masse se sont précisément attaqué à des lieux de spectacle, de musique, de fête, de rencontre, de culture, de vie, ce dernier terme pris au sens ordinaire et pulsionnel.

[2] Qui consiste, dans l’ordre d’apparition locutoire, en : descriptif, narratif, explicatif, argumentatif, injonctif.

[3] Rapport de Pramila Patten, Représentante spéciale des Nations unies sur la violence sexuelle dans les conflits.

[4] https://www.crif.org/sites/default/fichiers/images/documents/arcci_report_-_sexual_crimes_in_the_october_7_2.pdf

[5] La « déconstruction », souvent définitive, est une des caractéristiques des psychoses, puisque son principe est une réalité hallucinatoire (pour les exégètes : non symbolisable) qui a pris toute la place dans l’économie psychique du sujet.

[6] Nicolas Koreicho, Agressivité – Violence – Ambivalence ; pulsion de vie, pulsion de mort, 2014. En ligne, Site de l’IFP, https://institutfrancaisdepsychanalyse.com/agressivite-violence-ambivalence-pulsion-de-vie-pulsion-de-mort/

[7] Le respect de l’intégrité physique assure la protection du corps humain et de la vie humaine. En France, la protection du corps humain est assurée notamment par les lois « Bioéthique » de 1994 (réformées en 2004), qui ont introduit dans le Code civil les articles 16 et suivants. Ainsi, l’article 16 du Code civil dispose que « la loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie ».

[8]On a pu déceler les traces des traumatismes sur l’ADN de nos cellules en observant la modification de la forme des gènes impliqués dans les circuits du stress et, plus encore, les modifications épigénétiques induites qui, selon certains chercheurs, se transmettent au travers des générations, dans certaines conditions. Les traumatismes, les expériences, les événements s’inscrivent sur l’ADN des cellules, constituant ainsi une sorte de mémoire physico-chimique. Par suite, l’expression des gènes impliqués dans les divers circuits neuronaux est influencée, voire modifiée par ces différents traumatismes, expériences, événement (épigénétique). Ces inscriptions complexes (méthylation, compaction, ouverture, petits ARN non codants…) épigénétiques, sont proportionnellement plus nombreuses et marquées si les traumatismes, les expériences, les événements ont été répétés, plus précoces ou plus violents. Ces modifications épigénétiques sont lisibles en imagerie dans certains états de stress. Elles sont possiblement transmissibles sous une certaine forme à la descendance.

[9] Seul son corps a été retrouvé et, il y a peu, plus de trente ans après les faits, les coupables ont été retrouvés : « La petite fille est habillée d’un short et d’un tee-shirt, avec une robe de chambre à carreaux bleus et blancs. Une simple couverture dissimule les traces des sévices qu’elle a subis. Les expertises révèlent des traces de brûlures dues à un fer à repasser, des fractures non consolidées, ainsi que des cicatrices et des plaies. L’enquête démontrera que ces dernières ont pu être provoquées par une petite mâchoire, qui pourrait être celle d’une femme. Le juge d’instruction de Blois, chargé à l’époque du dossier, estime alors qu’il s’agit « pratiquement d’un cas d’anthropophagie avec prélèvement de chair ». L’arrestation, fin 2016, d’un homme de 34 ans après une bagarre survenue l’été précédent à Villers-Cotterêts (Aisne), n’ayant a priori pas de rapport avec l’enquête, relance l’affaire. Les « parents » tortionnaires, dont la pitié nous incite à ne pas citer le nom, ont été traduits devant la Cour d’assises pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, tortures et actes de barbarie » pour la mère et « complicité » pour le père, aujourd’hui sexagénaires, qui ont eu sept enfants, trois filles et quatre garçons. Parmi eux, une petite fille, Inass, née le 3 juillet 1983 à Casablanca. »

[10] Nicolas Koreicho, La Loi symbolique, 2014. En ligne, Site de l’IFPhttps://institutfrancaisdepsychanalyse.com/la-loi-symbolique/

[11] La peau et le cerveau ont la même origine embryologique, l’ectoblaste, et se forment au même moment le vingt et unième jour du développement de l’embryon créant à la fois le système nerveux et l’épiderme.

[12] Depuis 1950, jusqu’en 1990 (ex-Yougoslavie), les viols de guerre ont lieu en Afrique, en Amérique latine, dans le sous-continent indien, mais ce n’est qu’en 1995 qu’ils sont punissables en tant qu’infraction grave (crime de guerre et crime contre l’humanité). Aujourd’hui encore, ces actes sont tenus comme dommages collatéraux par une partie de la classe politique.

[13] Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, 1905. Comme nous le savons depuis sa description par Freud, le pervers est en conflit avec la loi du père. Originellement, le petit d’homme se construit en passant par les divers plaisirs d’organe (objets partiels) et il a pu être apporté, métaphoriquement, par Sigmund, l’idée selon laquelle l’enfant passe par cette phase d’une « prédisposition perverse polymorphe », préalable à l’instauration de limites (« digues animiques »). Ceci implique que le pervers est resté fixé à l’un ou plusieurs épisodes du développement psycho-sexuel de l’enfance. Une fois adulte, le pervers reconnait, sur la forme, et dénie, sur le fond, la réalité de sa perversion. À l’origine, la perversion est un mécanisme de défense provisoire et temporaire, potentiellement à la disposition de chacun, sous forme de jeux tolérés dans certaines circonstances. Néanmoins, chez le pervers en tant que tel, non guéri, ce mécanisme s’installe comme un fonctionnement constant (« fixation »), qui donne l’impression au sujet de pouvoir éviter la souffrance psychique, les limites, les séparations et la remise en question du sujet lui-même et du caractère mortifère de ses pratiques qui, dans des environnements aliénants, peuvent d’une part être contagieux et, d’autre part, constituer de véritables addictions (pornographie spécialisée).

[14] Les paraphilies non spécifiées incluent scatologie, y compris téléphonique, nécrophilie, partialisme, zoophilie, coprophilie, klysmaphilie, urophilie, émétophilie. Les paraphilies non spécifiées du DSM sont équivalentes à la section des « troubles sexuels non spécifiés » du CIM-9. Cf. les aberrations sexuelles décrites par Krafft-Ebing, Havelock Ellis, Moll, Bloch et de manière scientifique, en fonction de la nature des déviations (quant au but, à l’objet, à la zone corporelle, à la satisfaction) par Freud dans ses Trois essais sur la théorie sexuelle.

[15] P. Blachère, F. Cour, Pratiques sexuelles déviantes, paraphilies, perversions. En ligne, site de l’Association Française d’Urologie. https://www.urofrance.org/fileadmin/documents2/data/PU/2013/v23i9/S1166708712006306/main.pdf

[16] Ainsi qu’en attestent, aujourd’hui, les assassinats adolescents de collégiens et de collégiennes qui n’obéissent pas à certains dogmes.

[17] Solution étant pris ici comme réponse, sommaire et brutale, à un conflit interne.

[18] Nicolas Koreicho, L’affaire Sharon Tate. Psychopathie et complexe fraternel, 2023. En ligne, site de l’IFP, https://institutfrancaisdepsychanalyse.com/laffaire-sharon-tate-psychopathie-et-complexe-fraternel/

[19] Paul-Laurent Assoun, « Du préjudice au ressentiment », in D’où vient la violence ? Ses racines et ses débordements, 2022

[20] Sigmund Freud, Au-delà du principe de plaisir, 1920

[21] Ces deux pulsions, incompréhensibles selon un abord direct, ne nous sont connues que par leurs représentants psychiques. Freud isole alors quatre représentations de la pulsion de mort : la destructivité, la déliaison, la compulsion de répétition dans son acception « démoniaque » et le principe de nirvâna. Parallèlement, il distingue quatre figurations de la pulsion de vie : l’autoconservation et la sexualité, la liaison, la compulsion de répétition dans son versant adaptatif et le principe de plaisir.

[22] Nicolas Koreicho, Psychopathologie historique : Éros et Thanatos – Les convulsionnaires, 2021, En ligne, site de l’IFP, https://institutfrancaisdepsychanalyse.com/psychopathologie-historique-eros-et-thanatos-les-convulsionnaires/

[23] Sigmund Freud, Pulsions et destin des pulsions, 1915

[24] Nicolas Koreicho, Éros et Thanatos : d’Empédocle à Freud – les deux théories des pulsions, En ligne, site de l’IFP, https://institutfrancaisdepsychanalyse.com/eros-et-thanatos-dempedocle-a-freud-les-deux-theories-des-pulsions/

[25] Jean Laplanche, « La pulsion de mort dans la théorie de la pulsion sexuelle », La Révolution copernicienne inachevée, 1984.

[26] André Green, Narcissisme de vie, narcissisme de mort, 1983

[27] André Green, La pensée clinique, Odile Jacob, 2002

[28] Nicolas Koreicho, la Sublimation, 2022. En ligne, Site de l’IFP, https://institutfrancaisdepsychanalyse.com/la-sublimation/

[29] Y compris dans les œuvres catholiques de toile, de bois et de marbre, ainsi qu’il en est plus qu’ailleurs en Italie : Canova, Le Bernin, Corregio, Motelli, Corradini.

[30] « La pudeur, c’est ce qui donne les mauvaises pensées » réplique Bourvil dans Le Corniaud, Film de Gérard Oury, 1965.

[31] Dans le viol, les meurtriers prennent ce qui ne leur appartient pas et qui ne leur appartiendra jamais : l’amour.

[32] Cf. La montée en puissance de l’islamisme woke dans le monde occidental, 2022. En ligne, Site de la Fondapol, https://www.fondapol.org/etude/la-montee-en-puissance-de-lislamisme-woke-dans-le-monde-occidental/

[33] Les mutilations sexuelles, dans les traditions juive et musulmane, pour les hommes (circoncision) et pour les femmes, représentent bien ce refoulé obligatoire de la pulsion non maîtrisée jusque dans la métaphore abjecte du sacrifice d’animaux égorgés sans étourdissement. Ajoutons que 27 pays africains, plus le Yémen, l’Irak et l’Indonésie pratiquent infibulation, excision, ablation du clitoris (source : UNICEF).

[34] Iran : filles et femmes violées, fouettées, mariées de force, pendues. Trois noms parmi cent : Roya Heshmati a reçu 74 coups de fouet pour non-port du voile. Qui frappe ? Un homme ? Quelle est la vie du tortionnaire ? A-t-il une femme ? Des enfants ? Comment passe-t-il d’une expérience telle à une vie ordinaire ? Quelle est la conséquence du refoulé ? Des filles, des jeunes femmes, des femmes y sont tuées, certaines pour avoir été violées (« relations sexuelles hors mariage »). Mahsa Amini (22 ans) a été tuée pour un voile mal porté », Hadis Najafi (20 ans) pour participation à une manifestation hostile au régime.

[35] D’après Dora moutot et Marguerite Stern, Transmania, 2024

[36] 360 Research

[37] Dont les comorbidités psychiatriques autisme, homosexualité refoulée…

[38] https://fr.wikipedia.org/wiki/Agressions_sexuelles_du_Nouvel_An_2016_en_Allemagne.

[39] Cf. “New Year’s Eve sex assaults also reported in Finland, Switzerland and Austria”, sur news.com.au, News Corp Australia Network.

[40] Le traitement mortel du corps des homosexuels, au Burundi, en Afghanistan, au Pakistan (les précipiter du haut d’immeubles puis les lapider ou bien les exécuter) s’est réalisé récemment (Irak, Syrie), les sacrifices humains (hindouisme : cadre religieux, 120 cas en Inde entre 2014 et aujourd’hui) montrent que la déliaison entre les corps et leur prise en compte comme Autre n’est pas encore faite.

[41] Source : ONDRP (Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales).

[42] Jésus est mort le 3 avril 33.

[43] Op. cit., Nicolas Koreicho, la Sublimation, 2022

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