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La migraine, une maladie psychique ?

Interview de Nicolas Koreicho – Psychanalyse Magazine N° 8 – Juin 1997

Vincent Van Gogh – La Nuit étoilée, 1891. Musée d’Art Moderne, New York City

La migraine a toujours été considérée comme une maladie honteuse tant elle met à mal les relations du migraineux avec son entourage personnel. Un patient sur deux, sur les quelques sept millions de personnes concernées par la migraine, ne consulte pas. Cette constatation repose, a priori, sur le fait que, majoritairement, la migraine est pensée non guérissable par ceux qui la subissent.
Le docteur Nicolas A. Koreicho, psychanalyste et psychothérapeute à Paris, a établi un questionnaire s’adressant à ce type de malades ; il l’a proposé au centre anti-migraineux de l’hôpital Pitié-Salpêtrière et a obtenu ainsi des témoignages utiles quant à la nécessité de prendre en compte ces patients qui souffrent, de toute façon, à aujourd’hui, du fait que la cause de la migraine reste mystérieuse.

La migraine dérange, parce qu’elle est difficile à soigner, difficile à évaluer puisqu’elle dépend de la parole du patient. Elle s’accompagne souvent de symptômes peu ragoûtants (nausées, vomissements, diarrhées). Elle peut aussi faire référence à une sexualité inaccomplie (« Non chéri, pas ce soir, j’ai la migraine »). La migraine n’est pas considérée comme une pathologie pouvant avoir une cause et, a fortiori, une origine psychique mais comme l’expression d’une série de symptômes qui existent par la douleur qu’ils suscitent. En général, au grand dam du patient pour qui les migraines sont une véritable torture, parfois un enfer de solitude et de dépression, elles durent, s’estompent parfois, mais ne guérissent pas dans la plupart des cas. Sept millions de personnes, concernées par cette pathologie, pensent que la cause de leur maladie est profonde, signe d’un dysfonctionnement ancien, quasiment impossible à résoudre. Cependant, il existe des solutions, à la fois médicamenteuse et psychothérapeutique, à condition que l’on considère la migraine comme une véritable maladie, plus proche de la dépression, une dépression temporaire, avec un choix de symptôme isolant, que d’un mal bénin que l’on peut faire taire avec des médicaments souvent efficaces par ailleurs.

Personne n’a trouvé la cause de la migraine, la raison de son apparition, de son développement, de sa fréquence ; aucun gène de la migraine n’a, à ce jour, été identifié. Mon hypothèse est que, si l’on ne trouve pas de cause à la migraine, c’est qu’il en existe plusieurs et qu’il y a autant de raisons à la migraine, qu’il y a de personnes souffrant de migraines. Je prétends que la cause de la migraine est lisible dans l’histoire personnelle de chaque patient.

Il existe des relations directes et différenciées entre le cerveau et les activités humaines. Les troubles occasionnés par certains dysfonctionnements des systèmes nerveux, cardio-vasculaires et hormonaux se traduisent au niveau de ce qu’on peut aujourd’hui appeler les maladies migraineuses. Les moyens d’examens auxquels sont soumis les patients souffrant de cette affection, une fois éliminés les risques tumoraux ou structurels détectables par les examens de scanner ou d’imagerie à résonance magnétique, ne permettent pas de déterminer les causes de la migraine. Ainsi, c’est le dialogue avec le patient qui va amener le praticien à identifier un faisceau symptomatologique. Les associations et représentations des patients sont fondamentales pour comprendre ces maladies, particulièrement sous les aspects de la symbolique, de la mémoire et de l’imaginaire intégrés dans le discours.
Durant l’année 1999 au Centre antimigraineux de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, j’ai mis au point un questionnaire destiné aux patients migraineux et établi un certain nombre de faits à partir des réponses qui m’ont été données…

Depuis quand avez-vous des migraines et à quelle fréquence ?
– Pour plus de la moitié des cas, elles se sont manifestées avant l’âge de dix-sept ans. L’affection migraineuse représente une souffrance qui veut être ignorée par le patient. La migraine est un mal difficilement accepté par l’entourage parental ; les parents ne sont pas prêts à faire examiner un enfant pour un mal de tête, craignant d’être plus ou moins tenus pour responsables de cette migraine. On perçoit déjà ici que cette pathologie peut être investie par un sentiment de culpabilité latent.

Associez-vous la migraine à une circonstance particulière, une période, une situation dans votre vie ?
– Si un quart des personnes interrogées répondent à cette question par la négative, toutes finissent par associer à leur migraine, une circonstance, une période, une situation. Le refoulé ici règne d’emblée. Soixante-dix pour cents des patients la relient à un stress, une contrariété, un changement. Trente-cinq pour cent de ces personnages associent leur migraine à une situation négative (anxiété, activité professionnelle, entourage…). Ainsi, la majorité des patients rattachent leur migraine à des éléments de stress, de trouble émotionnel, de contrariété.

Qu’est-ce qui, d’après vous, déclenche une migraine ?
– La grande diversité de ce que l’on appelle les facteurs déclenchants ne peut, à mon sens, s’expliquer autrement que par la résonance que ces éléments suscitent en chacune des personnes victimes de crises de migraine. On peut supposer que l’absorption de tel aliment, l’inhalation de telle odeur, la survenue de tel facteur climatique ou la réalisation de telle activité, fait référence à un moment de l’enfance du patient, pendant lequel cette situation chimique et corporelle sera intervenue à l’occasion d’une circonstance défavorable (dysphorique).

Que ressentez-vous pendant une migraine ?
– L’implication des yeux dans la relation de la personne met directement en question le regard et son rôle dans la constitution de la personnalité affective, déterminant la façon dont l’enfant a été aimé, accepté, rejeté, toléré. C’est par le regard qu’il jauge, apprécie ce qu’on lui donne, ce qu’on lui transmet, ce qu’on lui refuse : la nourriture, l’impatience, l’amour… Le cerveau a gardé la trace des évènements les plus défavorables de cette période et la douleur morale ressentie alors est prête à être réactivée. Le découragement, la fuite, voire le suicide sont évoqués par soixante-dix pour cent des personnes interrogées. On pourrait parler à propos de la migraine, d’un véritable épisode psychotique temporaire, tant sont importants les déséquilibres psychiques qui menacent tout à coup le migraineux.

Qu’est-ce qui se passe lorsque vous avez une migraine ?
– Ce sont toujours des syntagmes d’une grande violence qui sont utilisés par les patients pour décrire leurs douleurs ; des éléments sadiques et masochiques font surface pendant les crises de migraine (quelque chose s’enfonce, pointes, coups d’aiguille…).

Comment pourriez-vous qualifier votre douleur, vos crises ?
– Pour qualifier leur douleur, les personnes interrogées nomment le lieu du mal : la tête, bien sûr, mais aussi les yeux. Cependant, ce qui est atteint c’est bien le siège de la pensée. Autrement dit, on peut faire le lien entre le siège de la douleur et la mémoire. L’inconscient choisit donc le symptôme le plus proche de la réalité pour s’exprimer. L’adulte ne peut toujours pas comprendre ce qui lui arrive comme il n’a pu comprendre ce qui lui est arrivé jadis. Le petit d’homme s’en tient la plupart du temps responsable, comme tous les malheurs qui arrivent à l’enfant ; ainsi le suicide est-il fréquemment évoqué, directement ou non (« Je me taperais la tête contre les murs »).

Y a-t-il des symptômes qui accompagnent votre migraine ?
– La moitié des personnes interrogées souffrent de nausées ce qui renvoie (si j’ose dire), au premier mode de communication vital de l’enfant, c’est-à-dire la nourriture et l’alimentation. Il s’agit d’un mode de communication archaïque qui conditionne une multitude d’attitudes relationnelles futures. Chez un quart des personnes interrogées, se produisent des vomissements associés à des diarrhées, comme s’il s’agissait d’expulser des éléments fondateurs d’une personnalité non acceptée. Après la tête et le ventre, que manque-t-il au tableau pour être complet ? Et bien le cœur. Les symptômes évoqués sont à tonalité dépressive, neutralisant les défenses intellectuelles et replaçant la personne dans un contexte de grande vulnérabilité, d’où le repli sur soi, dans sa chambre, le noir, le silence…

Avez-vous eu d’autres problèmes de santé ?
– Il existe, pour les migraineux, une prédominance des allergies et des maladies graves, durant l’enfance. Elles représentent, selon moi, des modes de communication archaïques qu’on ne saurait réduire à une érotisation de l’organe. Un certain nombre de femmes mettent en avant des circonstances qui concernent leur vie hormonale ; il s’agit d’évènements psychoaffectifs et psychosexuels et non d’un facteur hormonal déclenchant.

Qu’est-ce qui vous soulage : médicaments, obscurité, silence… ?
– La moitié des personnes interrogées se disent soulagées par une association médicaments plus autre chose (silence, obscurité, position allongée, absence de l’autre, chaleur…). Ces attitudes représentent une régression narcissique.

Voyez-vous autre chose par rapport à votre entourage, votre famille, votre alimentation, votre sommeil ?
– La moitié des personnes interrogées considèrent comme déterminant le fait que des membres de la famille soient également migraineux. C’est ce qui a pu faire penser que la migraine ne pouvait avoir quelque chose d’héréditaire ; il n’en est rien. La migraine se transmet mais de manière intersubjective. Viennent ensuite les problèmes de sommeil et les difficultés avec l’entourage. Sur soixante-dix-huit personnes interrogées, l’enfer c’est l’autre !
La double consultation (médecin et psychanalyste ou psychothérapeute) apporte un soulagement immédiat, la souffrance des patients étant au premier plan des préoccupations des soignants par le biais de la parole, du discours du patient. Le médicament agit vite, la psychothérapie agit en profondeur.
La migraine ne doit plus être considérée comme une maladie honteuse ou imaginaire qui doit la plupart du temps être camouflée, suscitant rejet, incompréhension ou agressivité ; elle peut-être traitée efficacement et durablement.

NB : la dimension psychique de la migraine a fait l’objet de mon mémoire de DEA (Master 2) :
Associations et représentations des patients migraineux en psychanalyse et en neurologie


Nicolas Koreicho
– Juin 1997 – Institut Français de Psychanalyse©

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Limites 3. Limite et no-limit : implications d’une dissolution

Nicolas Koreicho – Août 2013

Dans un premier temps (cf. Limites 1. Le transfert en formation), nous avions évoqué les débordements verbaux, comportementaux, dont le dépositaire de l’autorité, intellectuelle à tout le moins, fût-elle temporaire, réelle ou symbolique, peut se voir l’objet de projection. Nous avions analysé, à cette occasion, en quoi ces débordements, qui peuvent se voir comme des formes d’incivilité, sur le fond ou sur la forme, recélaient des modalités propres au transfert et au contre-transfert.
Dans un deuxième temps (cf. Limites 2. Entre transfert et morale : la question des limites), nous étions passé de cette analyse du phénomène transférentiel, en situant en cette occasion la question du cadre, représentant certaines limites nécessaires à la sauvegarde – quasi architecturale – des personnes et de leur relation, au bien-fondé d’une Loi symbolique, prémisse d’une éthique civilisatrice.

A présent,  il nous faut élargir et faire la synthèse, dans un troisième temps, de ces modalités relationnelles, afin d’en extraire des généralités qui nous éclairerons sur la question, tout à fait d’actualité, de la responsabilité des personnes.

Un grand nombre de questions sociétales se posent et trouvent prétendument leur résolution dans le filtre de l’action d’administrateurs qui développent des dogmes et principes censés répondre aux difficultés. Disons-le tout net, la résolution de ces problématiques proposée à l’aune de dogmes issus d’une sorte de collectivisme dans la dissolution des responsabilités, est un leurre qui ne peut guère nous aider dans la pensée des questions qui conditionnent notre relation, éminemment individuelle, au monde et à l’autre.
En effet, il est inexact de considérer que les dysfonctionnements sociétaux ne trouvent une issue que dans la prise en compte de dysfonctionnements sociaux. Si cela se fait malgré tout ainsi, c’est au bénéfice de certains réseaux privilégiés, en l’espèce constitués de politiques et de leurs affidés journalistiques et artistiques, dont le nécessaire soulagement de conscience se trouvent confortés et rassurés par des minorités tyranniques.
Car, par exemple, comment peut-on considérer sans être malhonnête que le geste du « jeune » qui dépouille un cadavre, qui viole, qui lynche ou qui tente de tuer un pompier à coup de boule de pétanque n’est que la conséquence de sa misère professionnelle en son statut de sans-emploi, lui-même dû à sa situation d’ issu des  » quartiers  » ou d’outre Méditerranée ?

Il s’agit bien de cela : dans quelle mesure et, surtout, jusqu’à quel point peut-on dénier aux individus la possibilité d’être responsables de leurs actes, c’est-à-dire de bénéficier, pour la construction de leur propre vie, de limites, seules garantes de l’intégrité des personnes ?

Pourquoi une telle question, me direz-vous ? Mais parce que certains lobbies et personnalités qualifiés dont je parlais à l’instant, sans en comprendre les enjeux ou pour le maintien de privilèges matériels ou moraux liés à la « bien-pensance », obéissent aux influences de toutes obédiences et de toutes déviances pour des raisons électives, commerciales d’une certaine façon, et font reculer sans cesse les limites sans développer de questionnement : limites du sexuel (configurations familiales imposées aux enfants, lavage de cerveau anti-oedipien des théoriciens du genre, suppression de la nomination parentale – l’atroce « parent 1 et 2 » -, prescriptions orthographiques inclusives), limites du corporel (incivilités tolérées, salles de shoot – à quand des salles de viol -, drogue admise en public, acceptation des pathologies de confort, urgences transformées en cabinets de ville), limites de l’histoire (pans de la civilisation et du roman national réduits au silence, conduite du repentir, négationnisme, arasement des valeurs), limites de la relation (violence néo féministe, dévoiement racialiste, multiplication des délinquances), limites de la Loi symbolique (silence incestuel, empathie aux délinquants, signes religieux discriminants).

Les enjeux consécutifs au recul de ces limites dans l’ignorance de ses conséquences sont relativement simples. Il n’est plus fait de distinction entre le fantasme (ou le mensonge) et la réalité. Il s’ensuit un retournement pervers des valeurs essentielles. La faute n’est plus reconnue et le travail de responsabilisation ne peut s’exercer. L’autre est ignoré et le seul narcissisme à l’œuvre est mortifère car au service de quelques uns et au détriment de beaucoup d’autres, en conséquence de l’atténuation de la distinction entre le fantasme et la réalité : tout est possible, le sexuel (pratiques récréatives, incestuelles, polygames) a le même statut que la sexualité (amoureuse, possiblement procréative, monogame).
Les valeurs essentielles, ne pas tuer, ne pas violer, ne pas voler, ne pas soumettre l’autre, se retournent au profit de l’acceptation de l’irresponsabilité. Sont pardonnés de leurs méfaits les mineurs, ceux que l’on appelle les « déséquilibrés », les désocialisés.
La faute n’est plus reconnue, on parle alors de simple incivilité, de débordement social, de drame familial, de conditions d’origine défavorables.
L’idée de la personne responsable est contaminée en fin de compte par celle de l’Autre, tout fait d’un narcissisme mortifère et oublieux du principe de responsabilité, qui, en un curieux retournement, vilipende victimes et honnêtes gens, retraités, femmes, enfants, représentants de l’Autorité, animaux même, qui peuvent alors être persécutés, maltraités, insultés, ignorés.
Du coup, le narcissisme dont il est question ici est bel et bien mortifère, le repli sur un soi persécuteur devenant l’apanage de minorités visibles, de discours soi disant émancipatoires, progressistes, de celui qu’il ne faut pas désigner, à l’image d’un narcissisme infertile, communautaire, multiplicateur, normalisateur.
L’irresponsabilité et sa jouissance peuvent hélas devenir des valeurs démocratiques.

Nicolas Koreicho – Août 2013 – Institut Français de Psychanalyse©

Limites 1. Sur le transfert en formation : le transfert, le cadre
Limites 2. Entre transfert et morale : la question des limites
Limites 3. Limite et no-limit : implications d’une dissolution

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Limites 2. Entre transfert et morale : la question des limites

Nicolas Koreicho – Novembre 2010

Ainsi, nous passons de la question du transfert* à la question des limites. Nous pouvons parler également de la relation d’aide. L’aide présente dans le transfert négatif dont elle peut s’accompagner un aspect inégalitaire de prise de position sur l’autre qui ne convient pas en dernière analyse à une relation équilibrée. La flexibilité dans la répartition des rôles et de l’autorité est certes nécessaire, dès lors que l’on veut instaurer une valeur fondamentale, le respect, mais pas l’absence de limites, qui en particulier conduit à la faillite de l’éducation et de la prise en compte de la Loi symbolique. Le flou, le « trop négocié » peut être propice à l’angoisse et aux débordements.
On sait à quel point, depuis les grands asservissements de l’histoire, la « transparence » (glastnost) peut être synonyme de tentation totalitaire. Donc, point d’hypocrisie. Nous ne sommes pas dans un monde où tout le monde est beau et gentil. Les règles sont nécessaires et le cadre (sa partie relationnelle) ne saurait être l’objet d’une négociation. Il répond à des contraintes précises de sauvegarde de la relation et des personnes et ne peut à ce titre être approximatif, ce qui ne veut pas dire qu’il ne peut pas évoluer.
Ainsi, si l’on prend l’exemple d’une session de formation, il faudrait énoncer : « Voici ce qui m’est nécessaire pour que je puisse animer cette session dans de bonnes conditions et pour qu’elle développe une construction pédagogique. Est-ce que cela vous convient ? ». Car si la négociation du cadre est admissible lors de formations qui ont trait principalement au développement de compétences philosophiques ou psychodramatiques, elle n’est pas adaptée lors de séminaires fondés sur la transmission de connaissances**.
L’échange mou n’apporte d’ailleurs qu’un semblant de connaissance. Les limites, elles, dessinent une architecture. Cela n’exclut d’ailleurs pas l’humanisme du formateur, et sa relativisation pour un travail de construction mutuelle. Faute de quoi il peut basculer dans l’argument d’autorité qui avec des adultes s’opposerait à l’apprentissage commun. Cependant, si le groupe est bien trop intelligent pour ne pas savoir, qu’est-ce qu’il fait de cette intelligence en formation ? Et les formateurs, n’ont-ils rien à transmettre, à partager de profond ?
L’un des grands enseignements que nous pouvons tirer des excès de la transmission molle, des concepts flous, d’une sorte de foire au nivellement des propos et des idées (tout se vaut, tout le monde est à égalité de savoirs) et de ses développements abusifs (transférentiels, agressifs, militants), c’est que plus la violence est manifeste, non seulement en situation de formation mais dans toute forme de relation, plus la distance de la personne qui fait montre de cette violence, avec son propre inconscient, est grande, et plus son déséquilibre est marqué et s’exprime dans la négation de l’autre. D’où la nécessaire imposition des limites, des règles, d’une loi symbolique civilisatrice, c’est-à-dire, en définitive, d’une éthique.

Nicolas Koreicho – Novembre 2010 – Institut Français de Psychanalyse©

*Cf. Limites 1. Sur le transfert en formation
**Ce qui pose au passage la question des pré-requis personnel (travail sur soi) et culturel (niveau de formation) : l’ignorance est le fondement de la violence.

Limites 1. Sur le transfert en formation : le transfert, le cadre
Limites 2. Entre transfert et morale : la question des limites
Limites 3. Limite et no-limit : implications d’une dissolution

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Limites 1. Sur le transfert en formation : le transfert, le cadre

Nicolas Koreicho – novembre 2010

Il arrive, singulièrement en formation, d’être confronté à des interventions agressives de la part de participants qui ne réalisent pas que cette agressivité, qui bien évidemment pallie d’abord le défaut d’argumentation, n’est pas recevable lorsque ces « saillies » se produisent dans un cadre professionnel et, qui plus est, de la part de professionnels de l’accompagnement.

Il arrive aussi d’être sollicité par des interventions séductives qui, elles, seraient plutôt facilitantes pour le développement d’un travail d’apprentissage.

Ces premiers moments, agressifs, relatifs à la pulsion de destruction, peuvent prendre place dans des sessions de transmission et de formation quand le participant n’a pas encore pris le recul nécessaire à l’analyse des interactions, y compris lorsqu’il y est lui-même confronté, recul qu’autorise un travail sur soi et une éthique fondé sur une écoute attentive et bienveillante.

Cette écoute attentive et bienveillante met en branle la question du transfert et du contre-transfert* toujours analysables et aptes à être dépassés d’abord par l’accompagnant, du fait de sa formation, qui supposent un travail d’analyse et d’auto-analyse nécessaires, ainsi que la prise en compte de la question de l’éthique, décidément indispensable à une pratique intelligente et respectueuse de chacun.

Dès lors que l’on comprend que c’est toute la question du cadre** qui se pose ici, et le plus important degré du cadre, c’est-à-dire celui qui ne peut autoriser les passages à l’acte, on saisit que ce cadre est destiné à être intégré et respecté. A cet égard, le transfert positif est facilitant, dans la mesure où il autorise une certaine souplesse et le recours à une plus ample compréhension, pas l’empathie, l’humour, l’indulgence, cependant que le transfert négatif est à même de proposer des pistes de progrès, dès l’instant qu’il est admis par le participant, patient, étudiant, client…

Il faut en l’occurrence considérer trois points :

Tout d’abord la formation personnelle de celui ou celle qui n’intervient pas de façon adaptée, agressive en fait, dans la demande que présuppose le transfert. Cette situation doit de la sorte particulièrement prendre en compte les phénomènes de transfert et de contre-transfert à l’œuvre dans les situations d’interlocution, où l’autre veut se mesurer au professionnel, propres aux relations à enjeu, comme on les retrouve en coaching, psychothérapie, accompagnement…, lesquelles impliquent non seulement de penser le problème posé par l’autre, mais également de penser précisément la situation d’interlocution, et enfin de SE penser dans ce double fonctionnement.

En second lieu, le participant doit être prêt, comme en toute situation d’apprentissage, à accepter que des systèmes de référence, et éventuellement de valeur, différents des siens, lui soient proposés et puissent indiquer à l’autre le phénomène auquel il est soumis. Ici, l’écoute attentive, neutre et bienveillante du participant à l’endroit du formateur et vice versa doit s’exercer.

Enfin, le participant doit pouvoir s’entendre en train de se modifier lui-même dans une relation productrice de principes, cette relation fût-elle professionnelle, et à comprendre ce que sont au plus juste les phénomènes auxquels il est soumis ce qu’a priori, en passant, les formateurs devraient connaître bien et transmettre aussi bien.

Le participant doit ainsi en tout premier lieu « participer » à ce triple mouvement, pour adopter la flexibilité nécessaire à l’exercice de son métier de participant et de son métier tout court, ainsi d’ailleurs que dans les relations que chacun entretient avec l’autre.

On peut ainsi d’ailleurs élargir cette notion du transfert à toutes les relations sociales, et considérer que les réactions sont certes légitimes lorsqu’elles induisent une certaine souffrance, mais qu’elles doivent faire absolument la part de l’histoire personnelle du sujet dans la considération et l’attribution de cette souffrance, faute de quoi la personne vivrait sa vie « à côté ».

Nicolas Koreicho – novembre 2010 – Institut Français de Psychanalyse©

*Le transfert représente dans les processus d’accompagnement, psychanalyse, psychothérapie, coaching, mais aussi vis-à-vis du médecin, de l’avocat, de l’enseignant, etc. la projection, par l’analysant, l’étudiant, le patient, le client, etc. de contenus issus de son propre inconscient et provenant d’expériences infantiles avec les père et mère et avec la fratrie, sur la personne de l’accompagnant, qui lui apparaît dotée de qualités, d’intentions, d’affects différents de la réalité de l’accompagnant. (Francis Pasche – 1975) : « La reviviscence de désirs, d’affects, de sentiments éprouvés envers les parents dans la prime enfance, et adressés cette fois à un nouvel objet ». Le contre-transfert est la projection par l’accompagnant des contenus issus de son inconscient et de ses expériences sur la personne de l’analysant, du patient, du client, de l’étudiant de motions affectives.

**Le cadre est multiple et ses composants les plus importants, les cadres, donc, sont, dans l’ordre d’influence, relationnel (transfert, contre-transfert), personnel (le non-verbal), conversationnel (discursif), référentiel (éthique, théorie), contractuel (l’objectif), matériel (lieu, temps).

Limites 1. Sur le transfert en formation : le transfert, le cadre
Limites 2. Entre transfert et morale : la question des limites
Limites 3. Limite et no-limit : implications d’une dissolution

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La Loi symbolique

Nicolas Koreicho – décembre 2014

Gustave Moreau – Jupiter et Sémélé, 1895 – Musée Gustave Moreau, Paris

Le concept de la Loi symbolique, dont la souveraineté est démontrée d’abord par l’anthropologie puis prouvée par la psychanalyse, provient de l’idée d’un ordre symbolique fondateur de la sociabilité (fonction symbolique de C. Lévi-Strauss), sans quoi les groupes sociaux déclinent (décadence) puis disparaissent (explosion de la violence – du pulsionnel – sous toutes ses formes, puis implosion).
Cette loi est universelle, elle concerne tous les continents et s’inscrit au-dessus des lois édictées, juridiques, religieuses ou idéologiques.
Toutefois, elle est lisible dans la mythologie, le légendaire, le fictionnel, certaines philosophies et certains préceptes religieux, ainsi que dans certaines lois et traditions humaines et sociales, sans toutefois qu’on puisse la confondre avec telle loi politique. En littérature, on en trouve des systèmes dans de grandes épopées et en inverse infernal, si l’on peut dire, dans l’œuvre de Sade.
La Loi symbolique en tant que telle n’est pas consciente et répond à des universaux d’intégration du corps humain et des grands termes de l’inconscient dans le corps social.

La Loi symbolique, dans son acception positive, est susceptible d’assimiler, afin que la personnalité n’y reste pas fixée, les grandes étapes de l’évolution de la personne en promouvant le dépassement indispensable des représentations originaires des fantasmes à absorber (Fantasmes originaires : retour au sein et au ventre maternel, séduction incestueuse, scène primitive réitérée, castration figurée effective), lesquels ne se rencontrent en principe, dans leur acception la plus logique en tant qu’étape obligée de l’évolution de la personne, qu’une fois. Leur signification globale autorise respect des espèces et harmonie entre les vivants. Elle se résout à l’occasion de la mise en scène de ces fantasmes, et s’actualise des sèmes suivants :

Proscription : meurtre, inceste. (F. Retour au sein maternel)

Verbalisation : nomination de la parenté, dès lors, proscription du crime et respect de la différence des générations. (F. Séduction)

Prohibition : amoralité du vol, du viol, de l’abus de pouvoir. (F. Scène primitive)

Prescription : différence des sexes. (F. Castration)

Ces repères, lorsqu’ils sont ignorés, donnent lieu non seulement à des transgressions manifestes, plus ou moins prises en compte par la loi des hommes, mais, pour ce qui nous occupe, si ces repères ne trouvent pas d’origine sur le plan des contenus latents, ces repères ignorés donnent libre cours au développement de psychopathologies, transformées et éclairées dans la sublimation des œuvres d’artistes, d’écrivains, de mainte manière.

« J’ai, pour me guérir du jugement des autres, toute la distance qui me sépare de moi ». Antonin Artaud

Proscription : meurtre et inceste. Ce sont les plus anciens, les plus fondamentaux et les plus fondateurs, tant du point de vue personnel que du point de vue social. Ils s’appuient sur la nécessaire construction de la personnalité à partir du système de l’Œdipe, système de signifiants constitutifs de l’indépendance de l’individu.
Le fantasme originaire du retour au ventre ou au sein maternels ne doit pas avoir lieu de manière prolongée, ceci pour autoriser l’accession à l’indépendance de l’enfant puis de l’adolescent, selon des modalités distinctes.
La question de l’altérité est posée. Il y a un autre. Il y a de l’identique (prohibition de la sexualité entre parents et enfants ; consanguinité) et du différent (aller vers l’autre sang, l’autre sexe : fécondité).
La dialectique du même et de l’autre structure et organise le monde et les sociétés.
L’identique, dans son exécution (relation amoureuse ou haineuse de deux frère et sœur par exemple) interrompt cette construction. L’absence des interdits du meurtre et de l’inceste provoque l’annihilation de la nécessaire distinction entre le désir (fantasmé) et son assouvissement (en réalité). Elle représente une régression qui empêche la formation du Moi qui, rappelons-le, nécessite que chacune des étapes de son évolution soit dépassée pour se réaliser. Sans cela, la constitution de la personnalité se fait sur un versant pervers. Par exemple, on ne peut rester fixé au stade sadique-anal. Il en est ainsi du dégagement obligé de chacun des stades d’organisation de la personnalité dans son acception libidinale (oral, sadique-oral, phallique…) pour que chacun puisse se réaliser.
Au contraire, ces interdits  permettent la réalisation et l’émancipation de la personne de ces différents stades, vers son autonomie donc, dans une direction d’expansion vers soi et le monde de l’autre.

Verbalisation : nomination de la parenté. La question de la différence des générations est posée. Les personnes ne se traitent pas de façon identique et ne doivent pas se considérer de la même manière, jeune et vieux, ascendant et descendant, parent et enfant, vivant et mort, enfant et adolescent… La nomination conditionne l’ordonnancement de ce qui est utile ou néfaste, bienveillant ou nocif, vital ou mortifère.
Cette nomination différenciée permet de sauvegarder la paix entre les personnes dans une régulation adaptée aux différents âges de la vie.
Les rôles de chacun sont spécifiés.

Prohibition :  du vol, du viol, de l’abus de pouvoir. La question du respect, de la coopération et du partage est posée.
La pulsion de mort, et son corrélat, la pulsion agressive, est mise à l’index, et ne doit pas s’appliquer aux relations entre les vivants. Elle le fait cependant dans ses réalisations sadomasochiques ainsi que dans certaines élaborations de pathologies narcissiques (psychopathie…) et psychotiques (schizophrénie paranoïde…).
Dépasser le narcissisme primaire est le grand enjeu de ces prohibitions et dans cette dialectique les prescriptions de coopération sont éminentes. La personne n’est plus sa majesté le bébé ou l’enfant-roi. Il s’agit de permettre, et de protéger, l’intégrité de la personne.
L’agressivité naturellement animale de l’homme ne s’applique plus à la vie dans la société, si, jadis, elle se justifiait par l’existence de ses prédateurs ou la rivalité entre tribus et la nécessaire protection du territoire, de la nourriture, de la descendance, de la femelle…
Aujourd’hui elle s’exprime par la guerre, les crimes et les délits, y compris dans les familles.

Prescription : la différence des sexes. La question du masculin et du féminin est posée. Il y a toujours des mâles et des femelles. C’est une différence irréductible qui conduit à la différenciation des personnes et des identités, différenciation qui, elle-même, permet l’individuation. Elle représente une irréductible opposition fondamentale à l’origine de la vie même. Elle est de surcroit le modèle de la pulsion de vie et s’exerce par la procréation et les relations amoureuses qui sont censées y préparer selon le précepte de la complétude. Différence des sexes et différence des générations constituant les deux piliers de la génitalité.

Le cannibalisme. Le cannibalisme, a, parmi les tabous universels – mais pas de tout temps et non dans toutes les civilisations – un statut particulier, et des significations situées entre l’appropriation symbolique, qui est censée conférer au mangeur les qualités du mangé (Freud, Totem et tabou, 1912), et l’inceste symbolique qui fait que les asiatiques, contre la civilisation, mangent des chats et des chiens, c’est-à-dire potentiellement des membres de la famille, en passant par l’identification (les fils de la horde dans Totem et tabou, qui dévorent le père), par l’imaginaire incorporatif prégénital (mère-enfant)(Claude Lévi-Strauss, Mythologiques, 1964-1968) et par les mythes littéraires amoureux (le coeur mangé – la sensualité mortifère de la tubéreuse) des amants (Baudelaire, Causerie in Les Fleurs du mal, 1857 ; Zola, Nana, 1880 ; Claudel, L’Otage, 1911 ; Donatien A.F. de Sade, La Philosophie dans le boudoir, 1796).

Nicolas Koreicho – décembre 2014 – Institut Français de Psychanalyse©

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Choisir son psy

Nicolas Koreicho, le 2 février 2001

Cette lettre répond à un article paru dans une revue généraliste de psychologie qui décrivait l’ensemble des méthodes de psychothérapie. Voici la réponse faite à cet article par Nicolas Koreicho, le 2 février 2001.

Madame,

Votre dossier « Choisir son psy » est tout à fait bien documenté pour accepter qu’on lui apporte une légère critique et un élément supplémentaire. Dans la description très efficace que vous faites des différents mouvements « psy », il manque une hiérarchie qui replacerait la psychanalyse à sa juste place, dès l’instant où elle est clairement spécifiée, en, opposition aux thérapies agissant sur le symptôme et seulement sur celui-ci.
En effet, à l’heure des joies et des drames, des retrouvailles et des séparations, des vraies questions et des mauvaises réponses, la psychanalyse a, plus que jamais, son mot à dire.
En sachant prendre ses distances avec les sous-discours de certains médias et de la rue, des divertissements et les colloques, les cercles et les écoles, la psychanalyse doit proposer une véritable alternative à la société du spectacle, à la solitude des familles, aux actes incompris.
La psychanalyse est la seule à pouvoir donner une explication cohérente des motivations profondes de chacun et de chacune, qu’il soit chômeur, notaire ou amoureux.
En effet, la complexité des contraintes sociales, professionnelles et personnelles auxquelles les personnes, dans la société multiforme d’aujourd’hui, sont soumises, ne profite, en fin de compte, qu’à quelques hommes  de pouvoir.
C’est pourquoi l’interprétation des motivations des uns et des autres, à commencer par ce qui nous fait nous-mêmes agir, réagir ou subir les différents événements de la vie est, plus que jamais, indispensable.
Parce que la psychanalyse est apte à identifier ce qui se trouve derrière une santé défaillante, des relations humaines perturbées, ou des habitudes néfastes, que l’existence nous pose au quotidien, elle nous permet de nommer puis d’affronter les problèmes psychiques qui sont souvent à l’origine de nombreux symptômes physiques et psychologiques.
Des personnes souffrent dans leur corps, dans leur sommeil, dans leur alimentation, sans comprendre ce qui se passe, et sans comprendre pourquoi tel ou tel symptôme se développe.
D’autres souffrent d’une sexualité insatisfaisante, de difficultés à communiquer ce qu’ils voudraient, de la solitude.
D’autres encore ont trop souvent recours à l’alcool, au tabac et aux autres drogues, les conduisant à des dépendances de différente nature, pour tenter d’oublier les véritables questions qui les taraudent. Elles ne sont pas résolues pour autant.
Enfin, il existe toute une gamme de craintes irrépressibles, d’envies inquiétantes, d’obsessions lancinantes, qui peuvent peser sur la vie de tous les jours de façon handicapante.
La psychanalyse peut faire quelque chose contre tout cela. Pas n’importe quelle psychanalyse. Une psychanalyse discutée, expliquée, partagée entre le patient et l’analyste.
Elle permet que tout ce qu’on n’a pas pu dire sur ce dont on souffre puisse s’exprimer par des mots, révéler une origine aux choses, subjuguer les causes du mal et le neutraliser.
Elle nous fait revivre les situations enfouies, les moments clés, les sentiments refoulés, dans un cadre d’écoute, de compréhension, de bienveillance.
Enfin elle donne les éléments, dans l’interprétation, qui nous permettront de vivre pleinement, de s’épanouir avec d’autres, d’aimer simplement.
Sans être un remède miracle – il est bien des affections, des maladies, des accidents pour lesquels la psychanalyse ne saurait modestement être qu’une psychothérapie de soutien -, sans être non plus la seule, ainsi qu’en atteste votre dossier, la psychanalyse semble pourtant bien constituer aujourd’hui une véritable alternative mais en profondeur, aux émotions destructrices, aux échecs relationnels, aux réponses toute faites et immédiates, que provoque le quotidien, violent, spectaculaire ou insidieux d’une société devenant sans cesse plus complexe à dire, à penser et à vivre.

Nicolas Koreicho
, le 2 février 2001 – Institut Français de Psychanalyse©

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Sur le mariage pour tous : le détail oublié

Louis Santeuil – Janvier 2013

« Quelle que soit la chose qu’on veut dire, il n’y a qu’un mot pour l’exprimer, qu’un verbe pour l’animer et qu’un adjectif pour la qualifier. Il faut donc chercher jusqu’à ce qu’on les ait découverts, ce nom, ce verbe, cet adjectif, et ne jamais se contenter de l’à-peu-près, ne jamais avoir recours, pour éviter la difficulté, à des supercheries, à des clowneries de langage. »
Guy de Maupassant


Sur le « mariage et l’adoption pour tous ».

Le détail oublié : Œdipe et Loi symbolique

De nouveau des politiques veulent en découdre avec les principes découverts par les anthropologues et par les psychanalystes. Ce n’est pas nouveau, ils sont les premiers à faire l’objet de doutes et de suspicions, dès lors que l’ignorance et la manipulation sont d’actualité.

La Loi symbolique, ignorée encore par le citoyen lambda, et utilisée toujours partiellement par les « élites » pour de mauvaises raisons, permet différenciation, structuration et distinction des pulsions de vie et de mort.
La différence des sexes est un des principes fondamentaux de la Loi symbolique ; la nomination de la parenté en est un autre ; le complexe d’Œdipe en est sans nul doute le principe fondateur, à l’œuvre dans toutes les grandes civilisations.

La différence des sexes détermine la concordance et la complémentarité qui assurent la sauvegarde de l’humain.
La complexité de l’éducation se mesure dans l’accompagnement d’un enfant par un père et une mère, clairement nommés, en un couple que le mariage, la plupart du temps, conforte.
Le complexe d’Œdipe est l’archétype des interdits fondateurs et protège, dans une large mesure, de l’inceste et du meurtre.

L’adoption naturelle d’un enfant par son père et par sa mère biologiques ressortit à une complexité naturelle éprouvante pour les raisons susdites.
L’adoption d’un enfant par un couple composé d’un homme et d’une femme constitue un degré de plus dans la complexité d’un accompagnement de qualité.
L’adoption d’un enfant par un couple d’hommes ou un couple de femmes constitue une équation qui semble presque impossible à résoudre sans dommage.

Le rôle et la fonction d’un père et d’une mère vis à vis de l’enfant sont distincts et spécifiques, non seulement dans la distribution de la protection et de la formation de l’enfant, mais surtout particulièrement du point de vue de leur place respective dans son inconscient.
L’introduction d’une invraisemblance dans la vie d’un enfant (deux pères, deux mères, aucun père, aucune mère : parents 1 et 2) déstructure la filiation, laquelle détermine la distribution des rôles paternel et maternel, nécessairement différenciés, dans la régulation indispensable de leurs correspondants symboliques que sont les interdits fondamentaux (meurtre et inceste), la nomination de la parenté, la prohibition de l’abus de pouvoir, le respect de la différence des générations et de la différence des sexes.

La confusion qui peut résulter du mariage et de l’adoption (laquelle peut advenir suite au recours à la PMA, et advient à coup sûr avec la GPA) pour tous ne l’est pas sur le papier écrit par des fonctionnaires du légal, elle l’est pour les psychanalystes (qui ont des patients et qui les accompagnent dans le devenir soi-même et dans la sauvegarde de leur individuation).
Effacement des différences, absence de repères, narcissisation problématisée car investie par des orientations sexuelles non différenciées, identification projective, sont quelques uns des problèmes posés par l’appariement sans idée de filiation logique distincte chez un couple, d’ailleurs avec le risque de la seule satisfaction d’un désir de normativité ou d’un prétendu « droit à l’enfant », au mépris du droit de l’enfant à disposer d’un socle parental en tant que tel, ne reposant pas seulement sur une résolution narcissique des parents putatifs.

Car la question est bien là. Devra-t-on considérer l’enfant comme un objet de désir transformable en chose du droit d’une loi générale abusive, ou bien devrait-on comprendre que l’enfant est d’abord un sujet de droit d’une loi symbolique supérieure qui suivra la voie de son propre désir, respectable et plus que digne d’être pris en compte ?

Louis Santeuil – Janvier 2013 – Institut Français de Psychanalyse©

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Pourquoi les frontières ?

Nicolas Koreicho – Mai 2011

« L’amour surgira dans votre cœur quand vous aurez abattu les barrières entre vous et l’autre, quand vous rencontrerez et observerez les gens sans les juger, quand vous regarderez simplement le bateau à voile sur le fleuve et jouirez de la beauté du spectacle. »
Krishnamurti

«Ce qu’il y a de plus profond chez l’homme, c’est la peau.»
Paul Valéry

«Comment mettre de l’ordre dans le chaos ? En traçant une ligne. En séparant un dehors d’un dedans
Régis Debray

Pourquoi les frontières ? 

Paul Gustav Fischer – Summer day at Reformer Church in Copenhagen

On retrouve la notion de frontière, de limite, d’éthique inhérente à l’idée de respect et de sauvegarde de soi et de l’autre, dans toutes les sphères d’activité et de pensée du vivant, dans tout le mouvement de l’évolution.

Une des raisons pour lesquelles l’univers nous inquiète (et nous fascine) est qu’il paraît infini. « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie » (Pascal).
C’est la prise en compte du cosmique et de son infinitude – mais de sa finitude conceptuelle -, jusque dans la formation de l’humain, qui fait que l’on comprend à quel point cette notion de frontière est vitale et nécessaire, ainsi que l’a démontré Ferenczi dans le rapport de l’eau des océans avec l’eau du liquide amniotique (Thalassa). A ce titre, du point de vue planétaire, la limite est l’atmosphère, du point de vue du corps, la limite est la peau. Qu’en est-il du point de vue de l’organisation psychique, du rapport entre soi et soi, de la relation entre soi et l’autre ?

C’est ainsi. Les frontières, les limites, la raison morale nous rassurent – nous contiennent – et pour de bonnes causes. Il s’agit donc d’aider à leur établissement les nouveaux venus au monde.

La sécurité interne, intra-subjective, principalement relativement au corps, et externe, intersubjective, principalement relativement à l’autre doit être assurée.
Le nourrisson est rassuré (et psychiquement contenu, c’est-à-dire hors des facteurs prépsychotiques) par le holding, le handling, et l’object-presenting, trois preuves de la présence bienveillante du père et de la mère, qui constituent trois gestes parentaux garantissant intégrité du moi, interrelation unifiante et développement libératoire qui le mettent hors de danger de déréalisation, de dépersonnalisation, d’auto destruction (Winnicott).
A contrario, l’enfant non sécurisé, instable sur le plan psychique, va s’adonner à l’auto-agression, afin de tenter de donner une réalité au ressenti s’apparentant à de la haine de l’autre (qui vaut mieux que la haine de soi) pour tenter d’en comprendre la logique et d’en neutraliser les effets.
L’enfant est rassuré également dans son discours, pris en compte, même encore Infans, et dans l’interrelation de son discours avec celui de l’autre (intersubjectivité), son narcissisme se développant  en liberté, sauf lorsque celui du parent prend la place de celui de l’enfant, et que le langage y compris symbolique, est absent de la relation.
L’adolescent lui aussi est rassuré et orienté lorsque son parent reste dans la maîtrise de sa propre adolescence et qu’il ne participe à ses « crises » que d’une façon compréhensive et distanciée dans une limite œdipienne surmoïque en particulier.
Pour lui aussi, l’auto-mutilation (e.g. la scarification) apaisera l’angoisse relative à l’incompréhension de la part de l’autre.

Ainsi, par exemple, la sexualité exempte de fondations limitantes, rassurantes, contenantes, sur un plan à la fois narcissique et relationnel, ainsi que ses avatars délirants ou enfermants – hormis dans le partage assumé (et dans quelle mesure) et dans l’art – peut représenter un profond contre-sens pour la prise en compte d’un autre respectable, et d’un soi acceptable sinon aimable, et s’accompagner d’une dénaturation de la relation et de son cortège de précarité, de prostitution, de perversion, de polygamie, d’inceste, de punition corporelle, de violence verbale, de soumission, d’abus de pouvoir, d’absence de consentement…,  puisque ces comportements conduisent au flou des relations, des corps, des personnes, au déséquilibre entre le principe de plaisir et le principe de réalité ainsi qu’à l’aliénation narcissique et personnelle et à de nombreux phénomènes contingents qui empêchent toute relation de qualité, de sincérité, de partage. Le no limit est aliénant, pour soi et pour l’autre (Cf. la démonstration – littéraire – sadienne). Au contraire, la prise en compte des limites est nécessaire à la poursuite et au bon développement de l’individuation et l’assimilation dans un environnement.

A contrario, la personnalité limite (borderline) témoigne dans la symptomatologie corporelle, psychique et relationnelle d’un flou, en témoigne les errements nosographiques, d’une instabilité des mécanismes pathologiques propres aux psycho-limites dans lesquelles l’on retrouve à la fois des caractéristiques des névroses et des psychoses, des comportements pathogènes et des types pathologiques, mais également des excès retournés sur soi et des aberrations, sexuelles, sentimentales, relationnelles, orientées vers les autres objectalisés, c’est-à-dire non reconnus comme sujets. En ce sens, les modalités relationnelles de ce type de personnalité sont aliénantes, en ce qu’elles  demandent à l’autre de résoudre cette aporie. A ce titre, le borderline projette sur l’environnement son absence de limites, dans une hésitation fondamentale entre homosexualité, perversion, passage à l’acte, dépressivité, manie, tout en étant avide affectivement et nécessairement défectif. Quant à l’étiologie des personnalités limites, on peut déceler dans la généalogie de tels sujets précisément l’absence – ou la prégnance dogmatique – éducative, corporelle ou affective, la précarité des limites (le manque, la faille, le trop, la violence, l’intimité forcée, l’attention, le soin défaillants).

De l’évidence philosophique jusque dans le fait religieux – en passant par ce qui fonde une nation (une civilisation, une langue, un territoire) -, tout n’est pas possible, et les idées, les préceptes sont constitués de limites elles-même garantes de sécurité. La liberté s’arrête où commence celle des autres ; les tables de la Loi symbolique (cf. infra) représentent une indication sur les exigences à respecter pour que chacun puisse vivre avec les autres dans le respect réciproque et, par exemple, le droit à la critique, au blasphème, à la distanciation doit être garanti car permettant une relativité à l’enfermement solipsistique de la conviction ; le bien et le mal ont un sens logique et biologique, sont opposés et, sinon définissables scientifiquement, du moins descriptibles en termes de respect et d’éthique, de prise en compte de la souffrance, de l’intégrité, de la distinction, de la transmission, de la bienveillance… Cela concerne les personnes bien entendu, mais aussi les animaux, et, pourquoi pas, la nature. Un paysage peut être en souffrance, c’est-à-dire absent de lui-même et sans plus de relation d’harmonie avec ses sujets, comme une lettre peut être en souffrance.

D’un autre point de vue, littéraire cette fois, l’idée qui voulait jusque dans les années 90 que l’on ne dissociât pas  une œuvre de la personne qui l’avait produite, et qui amalgamait l’ensemble en une espèce de matière unique, était techniquement fausse et scientifiquement infondée. La psychanalyse dans ses liens avec la littérature nous a prouvé que les deux étaient dissociables, que les écrits et la personne n’étaient pas liés ontologiquement, et avec bonheur et créativité.

Au quotidien, sur un plan sociétal, s’autoriser les attaques, les violences, les incivilités personnelles n’est au mieux qu’une réminiscence exprimée de problématiques psychiques de négligence primaire de la part de l’attaquant, et, souvent, de son incomplétude intellectuelle et affective. C’est d’ailleurs le cas lorsque les humains ne considèrent pas la souffrance animale, perdant ainsi l’idée de frontière entre soi et l’autre ou, pire encore, qu’ils l’érigent en spectacle*, comble de l’amoralité, en une apologie du crime sur le vivant.
Nous touchons alors au libre cours, toujours mortifère, de la pulsion brute, non bordée et non investie de limites morales, éthiques et esthétiques.

Dès lors, sur le plan du système relationnel, les incivilités, les violences verbales ou physiques laissent la part libre aux pulsions mortifères lorsque les interactions imposées à l’autre sont exemptes de la prise en compte et de l’application de Loi symbolique (proscriptions, prescriptions) laquelle doit être transmise par les parents.
Par conséquent, l’absence d’interdits sexuels et corporels, de définitions de territoires (de frontières), de distanciations et de différenciations éclairantes non seulement empêche que se développent les phénomènes de sublimation nécessaires à l’amour et à l’art, au travail relationnel (personnel : avec l’autre et avec soi-même), au travail professionnel (pouvoir donner le meilleur de soi-même dans une tâche à laquelle on croit et qui nous épanouit), au travail sociétal ou politique (orienter ses pulsions vers des buts élevés libérateurs), mais au contraire est propice aux abus de toute nature.
L’intolérance religieuse et politique (attentats, lutte des classes, collectivisme, obscurantisme, extrémisme, conformisme, progressisme, wokisme), est une des conséquences de l’absence de morale éthique, c’est-à-dire sentie et appuyée sur l’idée de civilisation et de mémoire, intégrée individuellement, et se réalise fatalement dans un totalitarisme, toujours assigné au mélange du social et d’une pseudo morale, qui menace les personnalités insuffisamment étayées ou contenues et autorise l’omission de toute consistance individuelle. De la sorte, les dogmes privilégiant les intérêts, frustes du point de vue intellectuel, des masses sociales et reproductives ou des minorités tyranniques sont forcément aliénants et, tôt ou tard, totalitaires.

La séparation des églises et de l’État, des extrêmes et des compréhensions, des pensées uniques et des singularités intellectuelles, préserve de toujours possibles aliénants s’il n’existe pas de frontière, de limite, de loi.
Ce n’est pas par moralité qu’il faut des frontières aux cultures, aux nations et aux personnes, c’est parce que l’absence de ces frontières est suicidaire.

*Cf. Un point de vue de la psychanalyse sur la corrida.

Nicolas Koreicho – Mai 2011 – Institut Français de Psychanalyse©

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Paris déprime

Nicolas Koreicho – 13 janvier 2011

« Quand tu auras désappris à espérer, je t’apprendrai à vouloir »
Sénèque

En cercles concentriques, les environnements dépréciatifs tels qu’ils se dessinent en prismes dans les grandes cités, induits par le stress logique de la surpopulation, créent les conditions de formes graduelles de déprime, formes dont la nature est fonction de leur adhérence de prédilection à tel environnement, lesquelles formes peuvent, selon la profondeur de la pathologie dépressive, se surajouter les unes aux autres. La solitude, l‘absence d’affiliation personnelle, la manque d’affinités professionnelles, les contraintes administratives et sociales, la ville et ses crapules, le défaut d’horizon et de lumière, les mensonges des ambitions politiques, les approximations journalistiques, l’envahissante violence religieuse, la guerre qui gronde au loin, leurs empiétements sur nos urbanités, nos rusticités, nos civismes, les animaux qu’on torture et qu’on déporte, la nature qui s’épuise, s’imposant en autant d’environnements dysphoriques, réfléchissent, dans leur retentissement en chacun, des problématiques plus profondes et essentielles, sans toujours la possibilité – et c’est là un drame profond – de formuler précisément ces ressentis. La plus ou moins grande sensibilité de chaque personne à tel de ces degrés d’une mise en abyme idéelle mais subie quotidiennement dépend de son histoire naturelle, culturelle et œdipienne, et la fera s’orienter vers le ralentissement, l’anhédonie, le défaut de motivation, les déplacements parasitaires, les substitutions prostitutives, les dépendances virulentes, et la fera se réfugier dans les faux objets que sont la violence reçue et donnée, les toxiques plus ou moins justifiés, la dévalorisation originaire et/ou le collectivisme sectaire, les illusions idéologiques meurtrières, la mensongère « lutte des classes », tous faux objets mais véritables ensembles psychopathologiques. Tous les leurres échafaudés par des esprits finalement simplement en mal de reconnaissance de leur vérité constitutive ne sauraient faire oublier à quel point la prééminence du travail psychothérapeutique et psychanalytique, qui rehausse l’individu à l’état de personne unique en s’établissant sur l’intimité langagière et discursive d’une relation unique et privilégiée, et qui seul est apte à faire se retrouver la vérité de l’unicité vitale hors des restrictions aliénantes et des impositions surmoïques, d’abord, fonction des transferts accompagnants, puis limpide et éclairant comme le narcissisme retrouvé, remet à leur juste place les combats revendicatifs et obéissants qui sont, disons-le nettement, d’un autre âge.

Nicolas Koreicho – 13 janvier 2011 – Institut Français de Psychanalyse©

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Catégories de psychothérapeutes

Nicolas Koreicho – Novembre 2006

«Nous ne sommes pas encore nés, nous ne sommes pas encore au monde, il n’y a pas encore de monde, les choses ne sont pas encore faites, la raison d’être n’est pas trouvée, la seule question est d’avoir un corps.»
Antonin Artaud

Divan Freud Londres

Il y a quatre catégories dans le monde des « psys » :
Des psychothérapeutes, des psychanalystes, des psychiatres, des psychologues. Tous doivent être psychothérapeutes.

Les psychothérapeutes ne peuvent apporter comme garantie de la scientificité de leur pratique, et donc de leur efficacité, une auto proclamation, une inscription sur un annuaire, ou uniquement un autre titre, fût-il prestigieux.
Ils doivent pouvoir apporter pour exercer des informations sur trois dimensions :
Leurs pratiques, leurs concepts, leurs formations.

Leurs pratiques :
Les pratiques concernent la durée des séances, les principes de fonctionnement, les prix appliqués. Une séance qui dure moins de 45 minutes ne laisse pas au patient la possibilité de participer au processus thérapeutique, de développer l’alternance des modalités d’expression nécessaire au travail sur soi (les associations, les raisonnements, les mouvements émotionnels), d’intégrer les langages (l’inconscient, le corporel, le rêve…) indispensables à la réalisation de soi, de se voir pleinement reconnu.
Dans les principes de fonctionnement des séances, la parole du thérapeute est indispensable. Son silence n’est plus seulement d' »attention flottante ». L’époque ne s’y prête plus. Il doit parler, expliquer, orienter, interroger, répondre.
Les tarifs se doivent d’être adaptés à la situation du patient. Il ne saurait être question de faire payer des séances un prix excessif, sans rapport avec le service rendu, ni de faire payer des séances loupées, dès lors que le patient a prévenu suffisamment tôt de son absence, ou que manifestement son absence ne peut lui être imputée.

Leurs concepts :
Les concepts, classiques et reconnus par les psychothérapeutes, les psychanalystes, les psychiatres, les psychologues, et utilisés par le praticien, doivent pouvoir être transmis au patient, dès lors que cet apport peut lui faire gagner du temps, et donc de l’argent, de l’énergie, du mieux être. Ainsi, l’explicitation des principes de fonctionnement des composantes et des mécanismes physiques, psychiques et relationnels de l’humain sont susceptibles de conférer au patient des alliances de compréhension de ses propres troubles, dysfonctions, désirs. Dès lors, il se trouve à même de s’approprier les conditions de son émancipation du désir, du savoir, du confort de l’autre.

Leurs formations :
Les formations des psychothérapeutes sont de deux ordres.
Pour se prévaloir de ce titre et de l’habilitation à exercer, le psychothérapeute doit pouvoir justifier d’abord d’un cursus universitaire ou d’école agréée au titre de l’enseignement supérieur d’une durée de 5 ans incluant les domaines indispensables à la compréhension du fonctionnement psychique de la personne : organisation de l’appareil psychique, psychopathologie, concepts fondamentaux de la psychanalyse.
Le psychothérapeute doit également pourvoir faire état d’une spécialisation dans au moins un domaine : psychologie, psychiatrie, psychanalyse, psychosomatique, psychanalyse de groupe, psychothérapie analytique…
Voici succinctement les éléments que chacun doit connaître pour choisir un « psy ». Triez le bon grain de l’ivraie, embrassez ce que vous voudrez, choisissez ce que vous aimez.

Nicolas Koreicho – Novembre 2006 – Institut Français de Psychanalyse©

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