Le monde des « psys » : les reconnaître

Comité Éditorial

« Qu’on puisse jouer sa partie, dire son récit, répondre au monde à sa façon, aimer et travailler. »
Sigmund Freud

Il y a quatre catégories dans le monde des psys : des psychothérapeutes, des psychanalystes, des psychiatres, des psychologues. Tous devraient pouvoir porter le titre de psychothérapeute. Cependant, ils ne le sont pas obligatoirement et pour utiliser le titre de psychothérapeute, ils doivent remplir certaines conditions, garantes d’une plus grande sécurité et qualité d’intervention pour le patient.

En effet, les psychothérapeutes ne peuvent apporter comme garantie de la scientificité de leur pratique, et donc de leur efficacité, seulement une auto-proclamation, une inscription sur un annuaire ou sur une liste d’association, un titre ou une notoriété d’un autre domaine, fût-il prestigieux, médical, intellectuel ou entrepreneurial. Cf. Le monde des psys : s’y retrouver.
Pour qu’un psychothérapeute puisse porter le titre de psychothérapeute, en France, il doit être inscrit sur le registre national des psychothérapeutes ADELI. Le titre de psychothérapeute est réglementé par l’Etat.
Sur ce point, il en est de même pour les titres de psychiatre et de psychologue.
Les psychothérapeutes et les psychanalystes doivent pouvoir apporter, pour garantir la qualité de leur exercice, des informations sur trois dimensions : leurs pratiques, leurs concepts, leurs formations.

Les psychanalystes, quant à eux, devraient également pouvoir faire montre de respect des exigences administratives, de formation et d’éthique nécessaires à leur métier. L’usage du titre de psychanalyste est réservé aux professionnels répondant à ces exigences même si le titre de psychanalyste n’est pas réglementé par l’Etat.

Leurs pratiques :

Les pratiques concernent la durée des séances, la fréquence et leur nombre, les principes de fonctionnement, les tarifs appliqués.
Une séance qui dure moins de 45 minutes ne laisse pas au patient la possibilité de s’intégrer dans le processus thérapeutique, de développer l’alternance des modalités discursives nécessaires au travail sur soi (associations, raisonnements, mouvements émotionnels, transférentiels…), d’intégrer les langages (l’inconscient, le corporel, le rêve, le fantasme…) indispensables à la réalisation de soi, de se voir enfin pleinement reconnu.
La fréquence et le nombre des séances sont les éléments les plus variables. Au début de l’analyse ou de la psychothérapie analytique, il est utile pour mobiliser les éléments les plus pertinents et pour amorcer un mouvement idoine, que les séances soient au nombre d’1 ou de 2 par semaine. Ensuite, on peut maintenir 2 séances, ou poursuivre sur 1 séance par semaine. Ces rythmes sont efficaces en terme de résultat. Elles pourront se dérouler à raison de 2 fois par mois, en deuxième partie de processus, voire une fois, en fin de processus. Cependant, les séances peuvent parfois se dérouler jusqu’à 4 fois par semaine, pour un début d’analyse. Plus généralement, dans le cas d’une psychanalyse classique, 2 fois par semaine est un bon rythme, et dans le cas d’une psychothérapie analytique, 1 fois par semaine convient bien. On peut du reste mener une analyse entre 1 fois par semaine et 2 fois par mois (dans un second temps) et pour une psychothérapie analytique selon le même rythme, en fonction de l’avancée des problématiques du patient. Une psychanalyse peut aussi succéder à une psychothérapie, comme il peut s’avérer utile de revenir, à un moment, à un dispositif de psychothérapie. Cependant, l’un et l’autre devraient pouvoir aboutir à une terminaison en un nombre de mois ou d’années (la plupart du temps) acceptable pour le patient.
Dans les principes de fonctionnement des séances, la parole du psychothérapeute est indispensable. Son silence n’est plus une règle absolue, même si il est nécessaire en ce qu’il favorise la libre association, et son écoute plus uniquement bienveillante, ce qui par ailleurs va de soi, ni son attention, plus seulement flottante, mais au contraire pleine et entière. L’époque et son rythme ne s’y prêtent plus. L’écoute comme unique posture n’est pas adaptée. Le psychothérapeute doit pouvoir parler, expliquer, orienter, interroger, répondre, dans le respect bien évident du cheminement de l’élaboration personnelle et mentale du patient, en lui laissant tout l’espace d’accueil nécessaire.
Les tarifs se doivent d’être adaptés à la situation du patient. Il ne saurait être question de faire payer les séances un prix excessif, sans rapport avec le « service rendu » ou avec le nombre de séances par semaine, ni de faire payer des séances loupées, dès lors que le patient a prévenu suffisamment tôt de son absence (2 jours avant est un délai convenable), ou que manifestement son absence ne peut lui être imputé, dans le principe des significations de la matérialité de l’argent. Les tarifs doivent pouvoir se situer entre 40 et 70 euros*.

Leurs concepts :

Les concepts utilisés par le praticien doivent pouvoir être transmis au patient, dès lors que ces apports peuvent lui faire gagner du temps, et donc de l’argent, de l’énergie, du mieux être. Ainsi, l’explicitation des principes de fonctionnement des composantes, des mécanismes et des interactions physiques, psychiques et relationnels de l’humain sont susceptibles de donner au patient des alliances de compréhension de ses propres troubles, dysfonctions, désirs… Dès lors, il se trouve à même de s’approprier les conditions de son émancipation et de son désengagement souhaité du désir, du savoir, du confort de l’autre.

Leurs formations :

Les formations des psychothérapeutes sont de deux ordres.
Pour se prévaloir de ce titre et de l’habilitation à exercer, le psychothérapeute doit pouvoir justifier d’abord d’un cursus universitaire ou d’école agréée au titre de l’enseignement supérieur d’une durée minimale de 5 ans incluant les domaines indispensables à l’exercice du métier et à la compréhension des personnes : développement, fonctionnement et processus psychiques, discernement des grandes pathologies psychiatriques, théories psychopathologiques, approches psychothérapeutiques, concepts fondamentaux de la psychanalyse.
Le psychanalyste doit pouvoir faire état d’une formation également très importante, même si elle peut embrasser d’autres cursus.
Le psychothérapeute doit ensuite pouvoir faire état d’une spécialisation dans au moins un domaine psychothérapeutique : psychologie, psychiatrie, psychanalyse, psychosomatique, psychanalyse de groupe, psychothérapie analytique… Il en est de même pour le psychanalyste*.
A ces deux types de formation s’ajoutent naturellement une pratique personnelle consistante d’au moins 3 ans en tant que patient (de 2 à 3 séances par semaine), au moins une tranche didactique, ou de contrôle, ou de supervision d’au moins une année (à 1 séance par semaine), des supervisions tout au long de la vie professionnelle, en tant que de besoin.

Pour information, voici le tableau des nouvelles dispositions dorénavant en vigueur (mai 2012) pour postuler au titre de Psychothérapeute :

THÈME
de formation
PSYCHIATRES
Dispense totale
MÉDECINS
non psychiatres
PSYCHOLOGUES
cliniciens
PSYCHOLOGUES
non cliniciens
PSYCHANALYSTES
régulièrement
enregistrés dans
leurs annuaires
PROFESSIONNELS n’appartenant à aucune des
catégories précédentes
Développement, fonctionnement et processus psychiques 0 h 0 h 0 h 0 h 0 h 100 h
Critères de discernement des grandes pathologies psychiatriques 0 h 0 h 0 h 0 h 100 h 100 h
Théories se rapportant à la psychopathologie 0 h 100 h 0 h 0 h 50 h 100 h
Principales approches utilisées en psychothérapie 0 h 100 h 0 h 0 h 50 h 100 h
Stage 0 mois 2 mois 0 mois (conditions) 2 mois (conditions) 2 mois 5 mois

Voici succinctement les éléments que chacun doit connaître pour reconnaître un « psy ».

Comité Éditorial – Novembre 2006 – Institut Français de Psychanalyse©

 

*Quelquefois en-deçà de 40 €. Quelquefois au-delà de 70 € pour les psys attestant d’un parcours académique et d’auteur exceptionnel dans une discipline métapsychologique et bénéficiant d’une notoriété clinique d’excellence.

**L’usage, sans droit, d’un titre attaché à une profession réglementée par l’autorité publique ou d’un diplôme officiel ou d’une qualité dont les conditions d’attribution sont fixées par l’autorité publique est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Article 433-17 du Code pénal

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