Le monde des « psys » : s’y retrouver

Comité Éditorial

« Tout le monde a besoin d’aide, de quelqu’un qui prenne soin de vous
et à qui l’on se confie, jusqu’à ce qu’on soit prêt. »

Grey’s anatomy

C’est une sorte de mise au point qui est proposée sous la forme d’une synthèse pour comprendre que chez les « psys » (les psychothérapeutes au sens générique) il y a : des psychologues, des psychothérapeutes, des psychiatres, des psychanalystes.

Dans ces quatre composantes du monde des « psys », il y a de bons psychologues, de ceux avec qui l’on parle et qui soulagent et qui orientent. Il y a de bons psychothérapeutes, de ceux qui nous parlent et qui soignent et qui font aller mieux. Il y a de bons psychiatres, de ceux dont on se parle et qui aident et qui posent des diagnostics. Il y a de bons psychanalystes, de ceux qui parlent et qui réparent et qui permettent de changer, c’est-à-dire de devenir au plus près de soi.

Et puis il y a des sectes, des sociétés, des gérontocraties, des espaces, des congrégations, des écoles, des départements, des chapelles, des sciences sociales qui font passer leur idéologie pour du savoir sous couvert de scientificité, dans lesquelles les notables, les copains et les coquins consolident leurs prébendes. A coup de passe-droits, de notoriété ancienne, de recommandations universitaires « engagées », de règles de trois : le bon (le patient qui prend patience, qui est en souffrance), la brute (celui qui recommande, l’autorité, le professeur patenté, la puissante association), le truand (le « psy » passif, l’usurpateur, le communicant). L’argument d’autorité : ils jouent l’intimidation à coup de principes discutables (obligation des trois séances par semaine, le silence constant, le coût prohibitif), ils terrorisent les novices (sans notre caution, point de salut). Ils administrent, ils se veulent la vérité, ils s’envoient les patients entre titulaires, entre élus, entre ceux qui ont une idéologie accolée implicitement à leur nom sur une liste, seule et précaire garantie de leur professionnalisme. Et il y a le psy de quartier, de l’institut éthique, d’honnêteté, qui sauve des vies.

Beaucoup d’universitaires aussi, âgés avant l’âge, des fonctionnaires, arrivés par cooptation népotique, pantouflés d’une idéologie, militants autoritaires d’une cellule, d’une commission, d’un master, d’un département, d’un institut, d’une UFR, ou des amis de ces petits patrons anciens maoïstes planqués, staliniens à la ramasse, trotskistes sur le retour, négationnistes à la petite semaine, révisionnistes de bas étage, militants du wokisme et de la cancel culture, piliers de départements, d’écoles doctorales, qui excluent de fait les étudiants indociles, sauf ceux qui font montre à leur endroit d’une sensibilité à leur pression séductive militante, qui s’écoutent et mettent beaucoup de sens à leurs mots, à leurs effets de langage, plus ou moins jargonnants, plus ou moins méprisants, et qui font payer à leurs patients leur notoriété acquise en début de carrière en ayant bénéficié jadis de l’adoubement d’intellectuels de valeur.*

Beaucoup qui s’écoutent penser, qui se font plaisir en pensant et en écoutant leurs étudiants, leurs cours (en publiant et en accumulant une notoriété imméritée, ils ont le temps d’écrire : ils ont peu de patients), et dont on sourit en y pensant tant ils et elles sont loin du monde, de la souffrance, de la nécessité, des autres, de la bonté, de la beauté. Mais il est aussi des professeurs, des maîtres de conférence, non connus, non adulés, et qui transmettent de profondes vérités dans la démarche la plus noble qui soit.

Beaucoup de médecins dont Freud disait que leur formation était incompatible avec la psychanalyse. L’important pour eux c’est la rentabilité. Meilleur rapport que les consultations. Et en plus les patients reviennent, même si c’est la sécurité sociale qui paie. Cependant, il est des praticiens qui sont capables d’oublier ce qu’ils ont appris, et qui connaissent le corps, les corps. Ceux-ci qui comprennent que les maladies, les accidents, les drames ont à la fois un socle incarné et une dimension psychique et qui donnent du soin et de l’espoir.

Et puis il y a tous ceux, pseudo-intellectuels et vrais terroristes, souvent usurpateurs de titres, qui veulent faire croire qu’il n’y a pas de règle pour une analyse, alors qu’avant toute autre considération, la nature d’une analyse doit être proportionnelle à l’évolution et à l’épanouissement du patient. Il faut être attentif à cela si une psychothérapie ou une psychanalyse semble durer plus que le mieux-être de la personne, car, en guise de confort, c’est d’abord celui du psy que l’on assure. Pourtant, quelques-uns brillent par des intuitions d’une extrême justesse dans des dispositifs conceptuels fulgurants et qui permettent une expérience inouïe et libératrice.

D’ailleurs, en matière de psychothérapie, on peut et on doit améliorer la qualité de vie d’une personne au bout de trois ou quatre séances. S’il ne se passe rien, partez. Essayez un autre « psy ». Quelqu’un d’honnête, c’est-à-dire d’efficace. Ou posez-vous la question de vos résistances. Dans ce cas comptez (en même temps que vos billets) huit à dix séances et poursuivez si vous le pouvez, vous éviterez les rechutes.

Que ce soit des psychologues, des psychothérapeutes, des psychiatres, des psychanalystes, évaluez-les : encore une fois, vous les payez. Soyez juges de leur pertinence, de leur utilité, du rapport de la qualité de leur intervention (ce sont des professionnels) avec le tarif qu’ils pratiquent (comptez ce qu’ils vous demandent de l’heure et comparez). Fiez-vous à ce que vous ressentez, aux égards, au respect que le psychothérapeute vous porte (bien mal assis, trop vite debout, ne profite jamais).

Comité Éditorial – Novembre 2005 – Institut Français de Psychanalyse©

 

*La doxa progressiste, aujourd’hui dans les années 2020, détient encore des pans entiers de l’université et des médias, en héritage d’abord post-marxiste puis post-moderne puis post-structuraliste de tous ces sociologistes bien connus chantres mous des french studies…, doxa qui fait la propagande de minorités souvent sectaires ou à tendance totalitaire : wokisme, cancel culture, multiples tyrannies identitaires racialiste, LGBTQIA+iste, néoféministe, islamo-gauchiste, intersectionniste, indigéniste, décolonialiste, diversitaire, communautaire, dysorthographiste, inclusiviste, anhistoriste, débouloniste, égalitariste… qui sont les paravents incultes de l’insuffisance intellectuelle et du déconstructionnisme qui en découle.

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